38ᵉ Sommet de l’Union africaine : Moussa Faki Mahamat appelle à une Afrique unie et souveraine face aux défis contemporains

Addis-Abeba, 15 février 2025 – Le rideau s’est levé sur le 38ᵉ Sommet de l’Union africaine (UA) dans la capitale éthiopienne, où chefs d’État, diplomates et leaders institutionnels se réunissent les 15 et 16 février pour façonner l’avenir du continent. Dans un discours d’ouverture à la fois solennel et ambitieux, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a tracé les grandes lignes des défis et opportunités qui attendent l’Afrique en cette année décisive.

Un appel à l’unité face aux crises multiples

D’emblée, Moussa Faki Mahamat a mis l’accent sur la nécessité d’une Afrique unie et résolument tournée vers la souveraineté politique et économique. Face aux turbulences géopolitiques mondiales, aux conflits internes et aux chocs économiques, il a exhorté les États membres à renforcer la coopération régionale et à éviter les divisions qui freinent le progrès.

« L’Afrique ne peut plus être le spectateur passif des mutations du monde. Elle doit être l’actrice principale de son propre destin, s’affranchir des influences extérieures et bâtir son propre modèle de développement, fondé sur l’unité, l’autosuffisance et la solidarité », a déclaré le président de la Commission.

Ce message intervient dans un contexte marqué par la persistance de tensions au Sahel, en Afrique de l’Est et en République démocratique du Congo. Les crises politiques et sécuritaires restent une épine dans le pied du projet d’intégration africaine, rendant urgente la mise en place de mécanismes plus efficaces pour la prévention et la résolution des conflits.

L’accélération de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf)

Parmi les priorités évoquées, l’accélération de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf)a occupé une place centrale. Lancée en 2018, cette initiative vise à créer le plus grand marché commun du monde, avec plus de 1,4 milliard de consommateurs et un PIB cumulé de 3 400 milliards de dollars. Pourtant, malgré son ambition, la ZLECAf peine à se matérialiser pleinement en raison d’obstacles réglementaires, logistiques et politiques.

Moussa Faki Mahamat a insisté sur l’impératif d’éliminer les barrières commerciales intra-africaines, d’harmoniser les réglementations et d’investir massivement dans les infrastructures de transport et d’énergie. Il a également souligné la nécessité pour l’Afrique de réduire sa dépendance aux importations et d’industrialiser davantage ses économies locales.

« L’Afrique ne peut pas se contenter d’être un marché de consommation pour les autres continents. Nous devons produire, transformer nos ressources et consommer ce que nous produisons. Notre souveraineté économique en dépend », a-t-il martelé.

Souveraineté financière et institutions panafricaines

La question de la souveraineté financière a également été au cœur des débats. Moussa Faki Mahamat a plaidé pour une accélération de la création des institutions financières panafricaines, notamment la Banque centrale africaine, le Fonds monétaire africain et la Banque africaine d’investissement. Ces entités, une fois opérationnelles, permettraient de réduire la dépendance du continent aux financements extérieurs, souvent assortis de conditions restrictives.

L’idée d’une monnaie unique africaine a aussi été évoquée, bien que sa mise en place reste un défi majeur. En attendant, le président de la Commission a encouragé les États à favoriser les transactions en monnaies locales et à renforcer leurs réserves en devises africaines pour limiter la volatilité des économies face aux fluctuations du dollar et de l’euro.

L’autonomie alimentaire et énergétique : un défi vital

Dans un contexte mondial marqué par l’instabilité des marchés et le changement climatique, l’UA veut accélérer les réformes pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et énergétique. Moussa Faki Mahamat a rappelé que l’Afrique possède 60 % des terres arables non exploitées de la planète, ce qui lui confère un immense potentiel agricole. Il a appelé à des investissements massifs dans l’agriculture durable, la modernisation des chaînes de production et le développement des industries agroalimentaires locales.

Concernant l’énergie, il a mis en avant les opportunités offertes par les énergies renouvelables – notamment le solaire, l’hydroélectrique et l’éolien – pour réduire la dépendance aux énergies fossiles importées et accélérer l’électrification du continent.

« Un continent qui ne contrôle ni son alimentation ni son énergie reste vulnérable. L’Afrique doit exploiter pleinement ses ressources pour garantir son indépendance et assurer une prospérité durable à ses populations », a-t-il déclaré.

Des réformes institutionnelles pour une UA plus efficace

Enfin, le président de la Commission a évoqué la nécessité d’une réforme profonde de l’Union africaine elle-même. Il a insisté sur l’amélioration de la gouvernance interne de l’organisation, la modernisation des institutions et une meilleure coordination entre les États membres.

« L’Union africaine doit être plus proactive, plus efficace et plus proche des populations. Nous devons cesser d’être une organisation de sommets et devenir une organisation d’actions concrètes », a-t-il affirmé.

Un sommet décisif pour l’avenir du continent

Le 38ᵉ Sommet de l’UA s’annonce comme un tournant crucial pour l’Afrique. Entre défis sécuritaires, ambitions économiques et volonté de renforcer l’autonomie du continent, les décisions prises lors de cette rencontre pourraient marquer un nouveau chapitre dans l’histoire de l’intégration africaine.

Alors que les discussions se poursuivent, l’Afrique scrute avec attention les engagements de ses dirigeants. Reste à savoir si ces ambitions se traduiront en actions concrètes et si les États sauront dépasser leurs différends pour construire une Afrique véritablement unie, souveraine et prospère.

Times Infos 

Par Amir Baron.

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