Depuis quelques jours, une évolution significative a marqué les relations internationales du Mali, un pays au cœur du Sahel en proie à des défis sécuritaires et économiques complexes. Le gouvernement malien a officiellement rompu ses liens diplomatiques avec l’Ukraine, une décision qui suscite des interrogations et soulève des implications géopolitiques majeures dans la région. Cette rupture s’inscrit dans une série de réalignements stratégiques où Bamako semble se tourner ouvertement vers la Russie, marquant un tournant dans sa politique étrangère.
Le contexte d’une rupture annoncée
Depuis l’éviction de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta en 2020, le Mali a connu une série de bouleversements politiques qui ont redéfini ses priorités en matière de politique étrangère. Face à l’insécurité grandissante et à l’érosion de la confiance envers les partenaires occidentaux traditionnels, Bamako a progressivement renforcé ses relations avec la Russie, perçue comme un allié stratégique capable de répondre aux besoins immédiats de sécurité. Cette dynamique s’est accentuée avec la présence croissante de groupes militaires privés russes, souvent cités pour leur soutien direct aux forces maliennes dans la lutte contre les groupes djihadistes.
Une amertume croissante à l’égard de l’Ukraine
La relation entre le Mali et l’Ukraine, bien que jamais centrale dans la diplomatie malienne, a été soumise à rude épreuve dans le contexte de la guerre en Ukraine. Le soutien indéfectible de Kiev aux sanctions occidentales contre la Russie a rendu ces relations de plus en plus tendues. Pour le Mali, dont l’armée bénéficie aujourd’hui d’un soutien important de Moscou, il est devenu stratégique de choisir un camp. Le peuple malien, influencé par un discours nationaliste et anti-occidental de plus en plus prégnant, voit désormais la Russie comme un partenaire privilégié, voire indispensable, pour la survie du pays face aux menaces djihadistes.
Implications géopolitiques et régionales
La rupture avec l’Ukraine s’inscrit dans un mouvement plus large de réorientation des alliances au Sahel. D’autres pays de la région pourraient suivre cette voie, renforçant l’influence de la Russie en Afrique de l’Ouest. Ce réalignement pourrait aussi avoir des répercussions sur les relations entre ces pays et l’Occident, notamment avec la France, dont la présence militaire et diplomatique est de plus en plus contestée. Pour l’Ukraine, cette rupture est un revers symbolique dans un contexte où elle cherche à maintenir et à développer ses alliances internationales face à l’agression russe.
Conclusion : une nouvelle donne diplomatique
La décision du Mali de rompre avec l’Ukraine marque un tournant dans ses relations internationales. Ce réalignement en faveur de la Russie témoigne de l’évolution des priorités stratégiques maliennes dans un contexte régional instable. Plus largement, il illustre la manière dont les pays du Sahel redéfinissent leurs alliances dans un monde de plus en plus polarisé. Le choix de Bamako pourrait bien influencer d’autres nations africaines, redessinant ainsi la carte des alliances sur le continent.
Times Infos
Par Seydou Seck.