Les élections présidentielles américaines du 6 novembre 2024 pourraient se révéler décisives pour l’avenir géopolitique mondial, en particulier pour l’évolution du conflit russo-ukrainien. Avec Donald Trump et Kamala Harris en lice pour la Maison-Blanche, deux visions diamétralement opposées s’affrontent, chacune ayant des répercussions stratégiques et diplomatiques bien différentes. Entre l’approche isolationniste prônée par Trump et le soutien affiché à l’Ukraine incarné par Harris, le choix des Américains pourrait bien redéfinir l’équilibre des forces internationales, avec des conséquences directes pour le monde entier.
Donald Trump : un retour potentiel synonyme de réalignement stratégique
Un retour de Donald Trump au pouvoir pourrait signifier un changement profond de l’approche américaine envers le conflit russo-ukrainien. Lors de son premier mandat, Trump avait prôné une politique étrangère axée sur les intérêts nationaux directs, se montrant souvent sceptique à l’égard des engagements militaires prolongés et coûteux à l’étranger. Il avait exprimé à plusieurs reprises sa volonté de rétablir un certain rapprochement avec la Russie, estimant que les États-Unis devaient réduire leur rôle de « gendarme du monde ». Dans ce contexte, un second mandat de Trump pourrait entraîner un retrait partiel ou total du soutien militaire et financier américain à l’Ukraine, au grand bénéfice de la Russie.
Cette approche pourrait s’inscrire dans une stratégie de « realpolitik », où les États-Unis chercheraient à négocier directement avec Moscou pour parvenir à des accords bilatéraux, sans se soucier des conséquences pour l’Ukraine. Pour la Russie, une telle politique pourrait être vue comme une occasion de renforcer ses positions militaires et diplomatiques dans la région, tandis que pour l’Ukraine, elle représenterait un coup dur, risquant de compromettre sa capacité à maintenir sa défense. La perspective d’un Trump à nouveau à la tête des États-Unis pourrait donc être perçue comme une possible victoire indirecte pour la Russie, affaiblissant les alliances occidentales et laissant l’Ukraine face à des enjeux sécuritaires majeurs.
Kamala Harris : une continuité dans le soutien américain à l’Ukraine
À l’opposé, Kamala Harris, candidate démocrate et vice-présidente actuelle, incarne une vision de la politique étrangère fondée sur la solidarité internationale et le soutien aux alliances traditionnelles des États-Unis. Si elle est élue, Harris continuerait probablement l’approche mise en place par l’administration Biden, qui s’est engagée à soutenir l’Ukraine face à l’agression russe, tant sur le plan militaire qu’économique. Sous la présidence de Harris, il est fort probable que les États-Unis maintiendraient voire renforcerait leur soutien à l’Ukraine, fournissant des armements sophistiqués, une aide humanitaire, et une assistance diplomatique pour isoler la Russie sur la scène internationale.
Cette ligne politique, qui repose sur une défense des valeurs démocratiques et du droit des nations à choisir leur propre destinée, est également axée sur la solidité des alliances, notamment au sein de l’OTAN. Harris pourrait ainsi non seulement rassurer les alliés européens, mais aussi renforcer l’engagement des États-Unis en Europe orientale et dans les pays baltes, face à une Russie perçue comme une menace directe pour la stabilité de la région. En ce sens, son élection serait perçue comme une continuité dans le soutien à l’Ukraine, consolidant l’ordre mondial actuel et renforçant l’influence américaine sur la scène internationale.
Un impact majeur sur l’ordre mondial
L’issue de cette élection pourrait ainsi affecter l’équilibre du pouvoir mondial pour les années à venir. Un retour de Donald Trump pourrait être perçu comme un tournant isolationniste pour les États-Unis, fragilisant l’ordre mondial basé sur les alliances internationales et les engagements multilatéraux. La Russie, de son côté, pourrait en tirer avantage en profitant d’une moindre opposition internationale pour étendre son influence en Europe de l’Est et au-delà. Cette nouvelle orientation pourrait également inciter d’autres puissances, comme la Chine, à adopter des positions plus affirmées dans leurs propres zones d’influence, telles que la mer de Chine méridionale, remettant en question la suprématie américaine en Asie-Pacifique.
À l’inverse, une victoire de Kamala Harris symboliserait la continuité d’un ordre mondial fondé sur la coopération et la défense des valeurs démocratiques. En soutenant l’Ukraine, les États-Unis enverraient un message fort à la Russie et à d’autres puissances autoritaires, affirmant leur engagement pour la stabilité internationale. Ce choix aurait des répercussions positives pour l’Europe, consolidant le partenariat transatlantique et assurant une présence américaine continue en soutien aux alliés de l’OTAN. Dans ce scénario, les États-Unis continueraient d’exercer un rôle central dans la préservation de l’ordre mondial actuel, où les alliances internationales servent de contrepoids aux ambitions territoriales et hégémoniques de pays comme la Russie.
Une élection à enjeux géopolitiques majeurs
Le choix des Américains lors de l’élection présidentielle de 2024 dépasse largement les frontières des États-Unis. Il s’agit d’un vote qui influencera l’équilibre des forces à l’échelle mondiale, particulièrement en ce qui concerne le conflit russo-ukrainien et la solidité des alliances internationales. Une victoire de Donald Trump pourrait inaugurer une ère de réalignement stratégique, affaiblissant le soutien à l’Ukraine et potentiellement renforçant la position de la Russie. En revanche, une élection de Kamala Harris représenterait une continuité dans le soutien à l’Ukraine, assurant un rôle de leadership pour les États-Unis au sein de l’ordre mondial actuel.
Quel que soit le résultat, cette élection présidentielle restera un moment clé pour les relations internationales. Alors que les tensions géopolitiques continuent de croître, le monde entier suivra de près l’évolution de cette course électorale, consciente des implications potentiellement profondes pour la paix et la sécurité globales.
Times Infos
Par Cédric Baloch.