Le Sénégal se prépare à entrer en 2025 avec un budget de 6 614 milliards de FCFA, marquant une augmentation significative par rapport aux exercices précédents. Cependant, cette enveloppe globale cache des ajustements structurels importants, caractérisés par des coupes budgétaires drastiques dans certaines institutions phares comme la présidence, l’Assemblée nationale et la primature. Ces décisions témoignent d’une volonté affichée de rationaliser les dépenses publiques, dans un contexte économique et social marqué par de nombreux défis.
Des coupes budgétaires stratégiques
L’annonce des réductions budgétaires au sein des institutions étatiques a suscité des réactions diverses au sein de la population et de la classe politique. La présidence de la République, souvent perçue comme le symbole du pouvoir exécutif, a vu son budget revu à la baisse, tout comme la primature et l’Assemblée nationale. Ces réductions s’inscrivent dans un effort global de maîtrise des dépenses publiques, tout en visant à réorienter les ressources vers des secteurs jugés prioritaires pour le développement national.
L’objectif affiché par le gouvernement est clair : réduire le déficit budgétaire à 3 % du PIB et augmenter la pression fiscale à 21,7 % d’ici 2029. Ces mesures traduisent une volonté de modernisation des finances publiques, même si leur mise en œuvre pourrait engendrer des tensions sociales, notamment dans un contexte où la population exprime des attentes croissantes en matière de services publics.
Un plan de développement ambitieux
Ces ajustements budgétaires s’inscrivent dans le cadre d’un ambitieux plan de développement économique et social dévoilé par le président Bassirou Diomaye Faye. Ce plan, d’une durée de 25 ans, vise à renforcer la compétitivité économique du Sénégal, à gérer durablement les ressources naturelles, et à promouvoir une gouvernance exemplaire.
La première phase de ce plan, couvrant la période 2025-2029, prévoit des réformes structurelles majeures. En plus de la maîtrise du déficit budgétaire, le Sénégal aspire à atteindre un taux de croissance de 6,5 % et un accès universel à l’électricité. Ces objectifs traduisent une ambition de souveraineté économique et de transformation durable, bien que leur réalisation nécessite une mobilisation accrue des ressources internes et externes.
Des défis économiques et sociaux persistants
Malgré ces ambitions, le Sénégal doit faire face à des défis économiques majeurs. Le pays est confronté à un déficit budgétaire élevé, aggravé par une dette publique préoccupante. Les relations tendues avec le Fonds monétaire international (FMI) compliquent davantage la situation. Le FMI a suspendu un programme de 1,9 milliard de dollars en raison de dettes non divulguées et de déficits budgétaires excessifs, retardant ainsi les décaissements jusqu’à mi-2025.
Cette situation fragilise les finances publiques et pourrait ralentir la mise en œuvre des projets prioritaires. Par ailleurs, la population, déjà affectée par l’inflation et le chômage, pourrait ressentir l’impact des coupes budgétaires dans des secteurs clés.
Un équilibre à trouver
Le Sénégal se trouve à un carrefour décisif de son histoire économique. Si les mesures de rationalisation budgétaire traduisent une volonté de rigueur et de responsabilité, elles doivent s’accompagner d’un dialogue inclusif avec les différents acteurs de la société. La réussite du plan de développement dépendra de la capacité du gouvernement à mobiliser les ressources nécessaires, à renforcer la transparence dans la gestion des finances publiques, et à répondre aux attentes légitimes des citoyens.
En somme, le budget 2025 du Sénégal illustre à la fois les défis immédiats du pays et sa vision à long terme. La route vers la souveraineté économique sera semée d’embûches, mais elle représente une opportunité unique pour bâtir un Sénégal plus résilient et prospère.
Times Infos
Par Mbak Ndèye.