La nomination de Nadia Christelle Koye à la tête de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) suscite autant d’espoirs que de controverses. Après des années de gestion opaque et inefficace ayant conduit à une mise en administration provisoire, cette institution essentielle au système de santé gabonais est à un tournant critique. Cependant, les Gabonais s’interrogent sur la capacité réelle de la nouvelle direction à incarner un renouveau tant attendu.
Un passé qui fait tâche
Le choix de Nadia Christelle Koye, bien que présenté comme une solution pour redynamiser la CNAMGS, soulève des interrogations. Ancienne membre influente du Centre Gabonais des Élections (CGE), elle est perçue par une partie de l’opinion comme une figure associée à l’ancien système Bongo, renversé lors du coup d’État du 30 août 2023. Ce lien supposé, dans un contexte où les Gabonais réclament une rupture nette avec les pratiques passées, fragilise d’emblée la crédibilité de cette nomination.
Pour beaucoup, la réforme de la CNAMGS nécessite une figure véritablement extérieure aux cercles politiques déchus, capable de reconstruire la confiance sur des bases saines et transparentes. Dès lors, le choix de Mme Koye apparaît comme un compromis mal perçu, renforçant l’idée que la transition politique actuelle peine à se libérer de l’influence de l’ancien régime.
Une crise sociale aigüe
Au-delà des polémiques sur sa direction, la CNAMGS est confrontée à une crise immédiate : la suspension des services des pharmacies pour les assurés. Les opérateurs pharmaceutiques, lassés d’attendre le règlement des factures impayées, ont cessé d’accepter les ordonnances CNAMGS, plongeant les usagers dans une situation désespérée. Les Gabonais, notamment les plus vulnérables, se retrouvent sans accès aux médicaments, exacerbant une défiance déjà profonde envers les institutions publiques.
Cette paralysie du système révèle des failles structurelles majeures dans la gestion des ressources de la CNAMGS. Pendant des années, l’opacité et le favoritisme ont prévalu, laissant les assurés payer le prix d’une administration déconnectée de ses obligations. Cette crise, bien plus qu’un problème financier, est le symptôme d’un échec global de gouvernance.
Des défis colossaux pour la nouvelle direction
Face à cette situation, la tâche qui incombe à Nadia Christelle Koye et son équipe est titanesque. Le rétablissement de la CNAMGS nécessite une approche audacieuse et rapide :
Assainissement financier : Régler en priorité les dettes envers les opérateurs pharmaceutiques pour permettre la reprise des services.
Réformes structurelles : Repenser les mécanismes de gestion, de transparence et de contrôle pour éviter les dérives du passé.
Restauration de la confiance : Communiquer de manière claire et efficace sur les mesures prises, tout en instaurant un dialogue franc avec les partenaires et les usagers.
Mais au-delà des actions immédiates, la CNAMGS doit répondre à une exigence fondamentale : incarner le changement dans un Gabon post-Bongo. Si cette réforme n’est pas menée avec intégrité et ambition, la méfiance des Gabonais pourrait se transformer en rejet total d’une institution censée protéger les plus démunis.
Les Gabonais, entre espoir et scepticisme
Pour les citoyens, l’heure n’est plus aux promesses. Ils attendent des résultats concrets qui se traduiront par une amélioration palpable de leur quotidien. La CNAMGS, qui symbolisait autrefois une avancée majeure dans la protection sociale, doit retrouver son rôle originel : garantir un accès équitable et fiable aux soins de santé.
Cependant, sans une refonte en profondeur, la nomination de Nadia Christelle Koye risque de n’être qu’un changement de façade, incapable de répondre aux aspirations légitimes des Gabonais. Alors que le pays cherche à se reconstruire, la CNAMGS est à la croisée des chemins : rédemption ou déclin définitif.
Le temps presse, et les premiers pas de la nouvelle direction seront déterminants. Mais une question reste en suspens : la CNAMGS peut-elle réellement renaître de ses cendres sous une direction encore entachée par le poids du passé ?
Times Infos
Par Nancy Nguema.