Le paysage politique gabonais se redessine à mesure que l’élection présidentielle du 12 avril 2025 approche. Dernier rebondissement en date : le soutien affirmé du président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, à Brice Clotaire Oligui Nguema. Ce ralliement, présenté comme un choix de Dieu, soulève plusieurs interrogations sur l’avenir politique du Gabon et les enjeux stratégiques sous-jacents.
Un soutien de poids dans la sous-région
En déplacement officiel en Guinée équatoriale pour discuter de l’interconnexion énergétique entre les deux pays, Brice Oligui Nguema a reçu un appui public et sans équivoque de la part de son homologue. Traduit en langue fang pour toucher la sensibilité d’une grande partie de la population, ce message d’Obiang Nguema ne laisse pas de place à l’ambiguïté. Il appelle les Gabonais à soutenir l’homme fort de la transition, le désignant comme un envoyé de Dieu et le véritable artisan du changement.
Dans un contexte où la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) joue un rôle clé dans la stabilité régionale, cet appui dépasse la simple déclaration diplomatique. Il inscrit le Gabon dans une dynamique où l’ensemble des chefs d’État d’Afrique centrale semble s’aligner sur la candidature pressentie d’Oligui Nguema. Mais cette prise de position est-elle réellement dictée par des considérations divines, ou s’agit-il d’un calcul politique mûrement réfléchi ?
Le poids de la rhétorique religieuse dans la politique gabonaise
Qualifier Brice Oligui Nguema de « choix de Dieu » n’est pas anodin. Cette stratégie rhétorique vise à conférer une légitimité incontestable à sa candidature, en la plaçant au-dessus des débats politiques classiques. Le recours à la religion pour légitimer un pouvoir politique est une méthode éprouvée en Afrique et ailleurs, cherchant à mobiliser un électorat en quête de repères et de stabilité.
Cependant, cette rhétorique masque mal les réalités d’un pays encore en convalescence après le coup d’État d’août 2023. La transition dirigée par Oligui Nguema a permis d’introduire une nouvelle constitution, instaurant un régime présidentiel avec un mandat de sept ans renouvelable une fois. Ce cadre institutionnel façonne désormais l’arène politique gabonaise et pose les bases de ce que certains appellent la « Deuxième République ».
Une candidature inévitable ?
Depuis plusieurs mois, les appels à la candidature d’Oligui Nguema se multiplient, émanant aussi bien de la société civile que des sphères politiques et militaires. Sa popularité repose en grande partie sur son image de chef pragmatique, ayant évité une transition sanglante et amorcé des réformes économiques et administratives. Son rôle dans la mise en place d’une nouvelle gouvernance, censée rompre avec les dérives du régime précédent, lui confère un statut particulier.
Toutefois, si son entrée dans la course présidentielle semble de plus en plus probable, des défis majeurs l’attendent. La consolidation des institutions, la gestion des attentes populaires et la préservation de la paix sociale seront déterminants. Le soutien d’Obiang Nguema, bien que significatif, ne saurait suffire à lui assurer une victoire sans contestation.
Vers un scrutin décisif pour l’avenir du Gabon
L’élection du 12 avril 2025 s’annonce comme un tournant décisif. Pour Brice Oligui Nguema, il ne s’agit pas seulement de briguer la présidence, mais de démontrer que son leadership peut s’inscrire dans la durée et répondre aux aspirations des Gabonais. Le défi est de taille : convaincre que sa transition était bien plus qu’un épisode transitoire et qu’il incarne une nouvelle ère politique.
Si son soutien international se renforce, la véritable bataille se jouera sur le terrain national. Entre espoir de renouveau et scepticisme, l’issue de cette élection marquera, à coup sûr, un tournant dans l’histoire politique du Gabon.
Times Infos
Par Cédric Baloch.