L’Union européenne (UE) cherche à renforcer son dispositif de sanctions contre la Russie en impliquant des partenaires stratégiques, et l’Inde figure désormais en tête de liste. Lors de sa visite prévue à New Delhi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, compte rencontrer le Premier ministre indien, Narendra Modi, afin d’obtenir un soutien plus ferme contre Moscou. Cette initiative marque une étape significative dans la stratégie européenne visant à isoler davantage la Russie sur la scène économique et géopolitique.
Une pression accrue pour renforcer les sanctions
Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’UE a mis en place plusieurs paquets de sanctions contre la Russie, ciblant notamment ses secteurs bancaire, énergétique et industriel. Cependant, leur efficacité reste limitée par le fait que certains pays, dont l’Inde, continuent de commercer activement avec Moscou. En particulier, New Delhi a considérablement augmenté ses importations de pétrole russe à prix réduit, contournant ainsi les restrictions imposées par l’Occident.
Dans ce contexte, Ursula von der Leyen souhaite convaincre Narendra Modi d’adopter des mesures restrictives, notamment en limitant les transactions avec les entreprises russes sanctionnées et en renforçant les contrôles sur les exportations sensibles. Toutefois, l’Inde, qui privilégie une diplomatie de non-alignement, a jusqu’ici évité de prendre une position tranchée contre la Russie, un partenaire clé dans les domaines de l’énergie et de la défense.
L’Inde face à un dilemme stratégique
L’Inde entretient des relations de longue date avec la Russie, qui reste son principal fournisseur d’armement et un acteur majeur de sa sécurité énergétique. Depuis le début du conflit ukrainien, New Delhi a résisté aux pressions occidentales, préférant maintenir une politique de diversification de ses alliances tout en continuant ses échanges commerciaux avec Moscou.
Toutefois, l’évolution du contexte international pousse l’Inde à recalibrer sa stratégie. Elle a récemment intensifié ses importations de pétrole américain, un signe d’ouverture vers de nouveaux fournisseurs énergétiques. De plus, le renforcement des relations avec les États-Unis et l’Union européenne pourrait inciter New Delhi à revoir son positionnement vis-à-vis de la Russie.
Si Narendra Modi accepte d’adopter certaines restrictions, cela marquerait un tournant majeur pour la diplomatie indienne. Cependant, un engagement ferme de l’Inde contre la Russie pourrait également fragiliser ses liens avec un allié historique, ce qui explique la prudence de son gouvernement face aux sollicitations européennes.
L’Union européenne face à ses propres défis
En parallèle, l’UE continue de renforcer ses propres sanctions. Le 19 février 2025, les ambassadeurs européens ont adopté un 16ᵉ paquet de mesures restrictives, incluant notamment l’interdiction des importations d’aluminium russe et des sanctions visant les navires impliqués dans le contournement des restrictions commerciales. Malgré ces efforts, l’application stricte des sanctions reste un défi, d’où la nécessité d’impliquer des acteurs majeurs comme l’Inde.
La réussite de cette démarche dépendra de la capacité de l’Union européenne à proposer des alternatives économiques et énergétiques viables à New Delhi. L’UE pourrait ainsi offrir un accès privilégié aux marchés européens, des partenariats technologiques ou encore des investissements accrus en Inde pour compenser d’éventuelles pertes commerciales avec la Russie.
Une rencontre décisive pour l’équilibre mondial
La visite d’Ursula von der Leyen en Inde pourrait être un moment clé dans la redéfinition des alliances internationales face à la guerre en Ukraine. Si l’Inde accepte de durcir sa position contre Moscou, cela renforcerait considérablement l’efficacité des sanctions occidentales et isolerait davantage la Russie sur la scène mondiale.
Cependant, une telle évolution reste incertaine. Narendra Modi, soucieux de préserver l’indépendance diplomatique de son pays, pourrait privilégier une approche mesurée, sans s’aligner totalement sur les demandes européennes. L’issue de ces négociations aura des implications majeures, non seulement pour l’avenir des sanctions contre la Russie, mais aussi pour l’équilibre des relations internationales dans un monde en pleine recomposition.
Times Infos
Par Cédric Baloch.