Sénégal : Macky Sall face aux accusations, scandale financier ou règlement de comptes politique ?

L’ancien président sénégalais Macky Sall est sous le feu des projecteurs depuis la publication du rapport accablant de la Cour des comptes sur la gestion des finances publiques durant son second mandat. Loin de rester silencieux, il a choisi de contre-attaquer en dénonçant une « cabale politique ». Cette affaire pose une question centrale : s’agit-il d’un véritable scandale de mauvaise gouvernance ou d’un règlement de comptes orchestré par le nouveau pouvoir ?

Un rapport accablant sur une dette hors de contrôle

Le rapport de la Cour des comptes, publié le 12 février 2025, révèle une situation alarmante : la dette publique sénégalaise aurait été largement sous-évaluée, atteignant en réalité près de 100 % du PIB en 2023 et projetée à 110 % d’ici fin 2024. Plus préoccupant encore, la gestion opaque des finances publiques sous Macky Sall aurait aggravé la crise économique que traverse actuellement le pays.

Ces révélations, si elles se confirment, témoigneraient d’une dérive financière majeure. Le Sénégal, autrefois cité comme un modèle de stabilité économique en Afrique de l’Ouest, se retrouve aujourd’hui sous la menace d’un surendettement incontrôlé. La responsabilité de l’ancien président est donc directement mise en cause. Comment une telle situation a-t-elle pu être dissimulée ? L’absence de transparence dans les comptes publics sous son administration soulève de nombreuses interrogations.

Macky Sall contre-attaque : un procès politique ?

Face à ces accusations, Macky Sall a vivement réagi dans une interview accordée à Jeune Afrique. Il rejette en bloc les conclusions du rapport, affirmant qu’« il est impossible de dissimuler la dette extérieure, car toutes les transactions passent par la BCEAO ». Selon lui, la Cour des comptes aurait utilisé une méthodologie biaisée, mélangeant dette intérieure et extérieure sans consulter son administration.

Cette défense, bien que stratégique, ne dissipe pas tous les doutes. Si le rapport était effectivement fondé sur des erreurs méthodologiques, pourquoi son gouvernement ne les avait-il pas corrigées en amont ? De plus, la contestation des chiffres ne suffit pas à expliquer les difficultés budgétaires actuelles du pays. L’argument du « procès politique » semble surtout être une tentative de détourner l’attention des faits.

Une lutte contre la corruption ou une vendetta politique ?

Depuis l’élection du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko, une vaste opération de « reddition des comptes » a été lancée. Plusieurs anciens hauts responsables de l’ère Macky Sall sont visés, certains étant même interdits de sortie du territoire. Cette campagne, bien que saluée par une partie de la population, est aussi perçue par d’autres comme une chasse aux sorcières contre l’ancien régime.

L’histoire politique africaine est jalonnée d’exemples où la lutte contre la corruption a été instrumentalisée pour éliminer des adversaires politiques. Le Sénégal, qui a toujours cultivé une image démocratique, risque-t-il de tomber dans ce piège ? Si Macky Sall et ses alliés ont commis des fautes, la justice doit les sanctionner en toute transparence et sans interférences politiques. Cependant, si ces accusations servent uniquement à affaiblir un adversaire, cela nuirait à la crédibilité du nouvel exécutif.

Un avenir incertain pour Macky Sall et le Sénégal

Macky Sall, qui se dit serein malgré la menace de poursuites, assure qu’il n’exclut pas un retour au Sénégal. Mais son avenir politique semble compromis. Pourra-t-il se défendre face à une justice qui, pour certains, pourrait être instrumentalisée ?

De son côté, le Sénégal doit relever un double défi : assainir ses finances publiques tout en préservant son image de démocratie stable. Le gouvernement de Diomaye Faye parviendra-t-il à mener cette lutte contre la corruption avec équité, ou succombera-t-il à la tentation de l’instrumentalisation politique ?

L’affaire Macky Sall n’en est qu’à ses débuts, mais elle pourrait bien redessiner le paysage politique sénégalais pour les années à venir.

Times Infos 

Par Mbak Ndèye.

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