Washington, D.C. – L’ancien président américain Barack Obama a récemment pris la parole pour dénoncer une fois de plus ce qu’il considère comme une dangereuse dérive démocratique : le mutisme des Républicains face aux excès de Donald Trump. Dans une déclaration aussi lucide qu’accusatrice, il a posé une question simple mais percutante : « Imaginez si j’avais fait une chose pareille. » Ce commentaire visait directement la décision de Trump, lorsqu’il était à la Maison Blanche, de retirer les accréditations de certains journalistes critiques, notamment ceux de CNN ou du Washington Post.
Un double standard flagrant
Ce n’est pas la première fois qu’Obama met en lumière l’existence d’un double standard dans le traitement réservé aux présidents américains selon leur appartenance politique ou leur identité. Mais cette fois, il va plus loin. En évoquant l’hypothèse où lui-même, en tant que président noir démocrate, aurait exclu Fox News — média conservateur de référence — du pool de presse présidentielle, il force la nation à se confronter à une vérité dérangeante : les règles de la bienséance démocratique semblent à géométrie variable.
« Il est inimaginable que les mêmes partis qui se taisent aujourd’hui auraient toléré un tel comportement de ma part », a-t-il déclaré avec gravité. Son propos dépasse le simple champ médiatique : il touche à l’essence même de la démocratie américaine, fondée sur la liberté de la presse, le droit à la critique, et la responsabilité des institutions.
L’héritage démocratique menacé
En retirant des accréditations de journalistes jugés trop critiques, Trump a ouvert une brèche dans le respect traditionnel entre le pouvoir exécutif et les médias. Là où ses prédécesseurs, même sous tension, avaient respecté les règles du jeu démocratique, l’ancien président républicain a instauré un climat de suspicion et d’hostilité envers la presse. Pire encore, cette posture a été applaudie, voire imitée, par certains dirigeants à l’étranger, contribuant à la banalisation des attaques contre les journalistes.
La dénonciation d’Obama prend tout son sens dans ce contexte : elle n’est pas seulement une réaction personnelle, mais un signal d’alarme. Si un ancien président, porteur d’un des héritages les plus marquants en matière d’intégrité institutionnelle, doit rappeler ce qui relève de l’évidence démocratique, c’est que le danger est réel.
Le silence complice du Parti républicain
L’interpellation d’Obama ne vise pas uniquement Trump, mais surtout les responsables républicains qui, selon lui, ont choisi la loyauté partisane au détriment des principes. « Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est une abdication de la responsabilité morale », aurait-il pu dire. En effet, la passivité des élus républicains, leur silence face à des gestes autrefois impensables, soulève une question centrale : jusqu’où sont-ils prêts à aller pour préserver leur pouvoir, même au prix d’un affaiblissement des normes démocratiques ?
Cette complicité tacite, nourrie de calculs électoraux et d’une base radicalisée, empêche toute autocritique et ouvre la voie à des pratiques autocratiques qui sapent les fondations du système.
Une parole qui compte encore
Si Barack Obama ne brigue plus de mandat, sa voix reste l’une des plus écoutées du paysage politique américain. Sa capacité à poser des questions simples mais lourdes de sens oblige les citoyens, les journalistes, et même ses opposants à réfléchir. Dans un pays où l’information est souvent noyée dans le bruit des réseaux sociaux et des chaînes partisanes, une telle parole, empreinte de recul et de mesure, est précieuse.
Et si, finalement, la question la plus dérangeante était aussi la plus simple : Pourquoi avons-nous toléré chez Trump ce que nous n’aurions jamais toléré chez Obama ?
Times Infos
Par Cédric Baloch.