« Nouveau Sud, Vieux Monde » : L’Afrique s’invite au cœur des rééquilibrages géopolitiques mondiaux

Bruxelles – Les 25 et 26 mars derniers, la capitale belge a accueilli la troisième édition du Sommet de l’Africa Political Outlook, marquant un tournant stratégique dans la réflexion sur les nouveaux équilibres du pouvoir mondial. Sous le thème évocateur « Nouveau Sud, Vieux Monde », l’événement a réuni des décideurs politiques, économiques, intellectuels et représentants d’organisations multilatérales venus débattre des profondes mutations géopolitiques en cours.

Une nouvelle dynamique mondiale portée par le Sud global

La montée en puissance du Sud global, incarnée par une Afrique de plus en plus affirmée sur la scène internationale, a été au cœur des discussions. Les intervenants ont souligné le basculement progressif d’un monde unipolaire vers un ordre multipolaire, où l’Afrique joue un rôle de plus en plus stratégique en matière de ressources, d’innovation et de médiation. Cette nouvelle dynamique s’illustre notamment par le renforcement des coopérations Sud-Sud, la montée des institutions africaines et la diversification des partenariats avec des puissances émergentes comme la Chine, l’Inde, le Brésil ou la Turquie.

Un « Vieux Monde » en quête de renouvellement

Face à cette réorganisation, l’Europe – qualifiée ici de « Vieux Monde » – se trouve à un tournant. Comment repenser ses relations avec l’Afrique au-delà du prisme historique et postcolonial ? Les participants ont plaidé pour une coopération fondée sur l’égalité, la transparence et le respect mutuel. « L’heure est venue d’en finir avec les récits de dépendance. L’Afrique n’est plus une zone d’influence, mais un partenaire à part entière », a déclaré une diplomate ouest-africaine. Plusieurs tables rondes ont abordé la nécessité d’un nouveau narratif dans les relations euro-africaines, insistant sur l’importance d’investissements durables, de transferts de technologie et de dialogues politiques bilatéraux équilibrés.

Le rôle des institutions multilatérales sous la loupe

Le sommet a également servi de tribune pour questionner le rôle et l’efficacité des grandes institutions multilatérales. De nombreuses voix africaines ont appelé à une réforme en profondeur des instances comme l’ONU, le FMI ou la Banque mondiale, jugées trop souvent biaisées en faveur des anciennes puissances dominantes. Les panélistes ont débattu de la nécessité d’accroître la représentation africaine dans ces structures, afin que les préoccupations du continent soient véritablement prises en compte dans la gouvernance mondiale.

Vers une souveraineté africaine assumée

En filigrane, le sommet a révélé un désir croissant de souveraineté, tant économique que politique et culturelle. Plusieurs experts ont mis en avant les initiatives continentales comme la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), les efforts d’industrialisation locale, et l’essor des écosystèmes technologiques africains. Le message est clair : l’Afrique ne veut plus être spectatrice, mais actrice des transformations globales.

Un espace de réflexion stratégique pour demain

L’Africa Political Outlook s’affirme ainsi comme un rendez-vous incontournable pour penser les futurs possibles du continent dans un monde en recomposition. En rassemblant les intelligences africaines et internationales, ce sommet contribue à la construction d’une vision partagée, ambitieuse et résolument tournée vers l’avenir.

Times Infos 

Par Cédric Baloch.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *