Le scandale enfle. Alors que le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, avait annoncé une revalorisation sans précédent de la subvention accordée à la presse nationale, nombreux sont les patrons de médias qui aujourd’hui crient à la mascarade. Ce qui devait être une bouffée d’oxygène pour un secteur en difficulté s’est transformé en un véritable camouflet pour plusieurs organes de presse exclus ou peu considérés dans la répartition des fonds.
Une répartition à la tête du client ?
Selon plusieurs sources concordantes, moins de 500 millions de francs CFA a effectivement été distribué, mais dans des conditions jugées arbitraires. Des médias remplissant l’essentiel, voire la totalité, des critères d’attribution ont reçu des montants jugés dérisoires, pendant que d’autres, dont la légitimité est parfois questionnée, ont bénéficié d’enveloppes plus substantielles. Ce déséquilibre soulève une question centrale : sur quelle base réelle le ministère de la Communication a-t-il réparti les fonds ?
Laurence Ndong dans l’œil du cyclone.
La ministre en charge de la Communication, Laurence Ndong, est aujourd’hui au cœur de la tempête. Plusieurs patrons de presse dénoncent une gestion opaque, teintée de favoritisme et d’un esprit de « copains et coquins » dans la répartition des aides. Ils réclament avec insistance la publication officielle de la liste des bénéficiaires ainsi que les montants octroyés à chaque structure médiatique. En l’absence de transparence, des voix s’élèvent pour menacer d’intenter une action en justice contre la ministre.
Une aide transformée en affront.
Ce qui choque davantage, c’est le paradoxe entre les annonces du chef de l’État et la réalité sur le terrain. La subvention de 2024 devait marquer un tournant. Mais pour de nombreux patrons de presse, elle représente aujourd’hui une profonde humiliation. « C’est une insulte à notre travail. On nous a fait croire à un changement, à une reconnaissance de notre rôle dans la société, mais au final, c’est le mépris qui domine », confie un directeur de publication frustré.
Une presse gabonaise toujours à genoux.
Dans un contexte où les entreprises de presse font face à des charges structurelles lourdes – loyers, salaires, impression, équipement, connexion internet – la faible portée de cette subvention, tant dans sa valeur que dans sa distribution, met en lumière les failles persistantes du soutien institutionnel aux médias. Pour nombre d’acteurs du secteur, cette nouvelle déconvenue entame un peu plus la crédibilité des institutions censées accompagner la liberté de la presse.
Un appel à la vérité.
Plusieurs syndicats et collectifs de journalistes appellent à la publication d’un rapport détaillé sur les critères de sélection, les montants versés et les organes bénéficiaires. Il en va de la confiance envers l’État, mais aussi de la dignité d’une profession déjà fragilisée. Le silence prolongé des autorités pourrait être interprété comme un aveu de partialité, sinon de culpabilité.
Conclusion : le mal est profond.
Ce nouveau scandale révèle, une fois de plus, l’urgence de refonder les mécanismes d’aide publique à la presse au Gabon. Tant que les critères d’attribution resteront flous et les pratiques discrétionnaires, la méfiance dominera les relations entre les médias et les institutions. La ministre Laurence Ndong est aujourd’hui sommée de faire la lumière sur cette affaire. Car derrière les chiffres, il y a des entreprises, des journalistes, et une opinion publique qui exige désormais des comptes.
Times Infos
Par Nancy Nguema.