Au Gabon : Mike Jocktane dénonce la nouvelle constitution gabonaise et appelle à un énième dialogue national inclusif

Ce 8 octobre 2024, Mike Jocktane, président du mouvement Gabon Nouveau et ancien candidat à l’élection présidentielle de 2023, a brisé son silence par la tenue d’une rencontre avec la presse locale et internationale à Libreville, en s’opposant fermement à la nouvelle constitution gabonaise, qui doit être soumise à référendum dans les mois à venir. Proche d’Albert Ondo Ossa, figure emblématique de l’opposition gabonaise, Jocktane a exprimé de vives préoccupations concernant plusieurs articles de la future loi fondamentale, notamment l’article 192. Selon lui, cette nouvelle mouture constitutionnelle risque de compromettre les principes démocratiques du Gabon et pourrait avoir des conséquences graves pour l’avenir politique du pays.

Une constitution aux articles controversés

Mike Jocktane s’est particulièrement attardé sur l’article 192, qui prévoit la reconnaissance des acteurs de la transition politique ayant suivi le coup d’État d’août 2023. À première vue, cette disposition pourrait être perçue comme une tentative de réconciliation nationale. Toutefois, pour Jocktane, elle est inappropriée et potentiellement risquée. Il avertit que l’intégration de telles mesures dans la Constitution, un texte censé guider le pays à long terme, serait un précédent dangereux. Selon lui, cela enverrait un signal troublant : des actions violentes ou anticonstitutionnelles pourraient être récompensées, et ce, au détriment des valeurs démocratiques.

« La Constitution doit dépasser les enjeux politiques actuels. Elle doit être un texte qui établit les principes et les institutions guidant notre nation, basé sur le respect des droits de chaque citoyen et l’État de droit », a déclaré Mike Jocktane. En incluant des dispositions qui légitimeraient des coups de force politiques, le Gabon risquerait d’éroder la confiance de la population dans ses institutions démocratiques, déjà fragilisées.

Le danger des immunités accordées aux acteurs de la transition

L’une des critiques majeures de Mike Jocktane porte sur la question des immunités proposées pour les acteurs de la transition. Il craint que cela ne valide la violence comme moyen d’accéder au pouvoir, un message qui pourrait déstabiliser davantage le Gabon. « Octroyer des immunités ou des avantages particuliers à ceux ayant participé à un coup d’État enverrait un message dangereux : la violence et le renversement de l’ordre démocratique peuvent être récompensés », a-t-il ajouté.

En effet, pour Mike Jocktane, une constitution doit être un texte intemporel qui dépasse les contextes politiques ponctuels. Elle ne devrait pas servir à justifier des actions qui ont pu diviser la nation ou à offrir des avantages à des individus ayant participé à des événements controversés. Selon lui, le rôle de la Constitution est de garantir les droits des citoyens et de protéger les institutions démocratiques du Gabon, et non de revisiter le passé en fonction des intérêts d’une minorité.

Un appel à un traitement législatif des mesures transitoires

Dans son intervention, Jocktane a proposé une alternative aux dispositions constitutionnelles qu’il considère dangereuses. Selon lui, toute mesure d’amnistie ou d’avantages pour les acteurs de la transition devrait être traitée par voie législative, séparément du texte constitutionnel. Cette approche, plus souple et mieux adaptée aux situations ponctuelles, permettrait de préserver l’intégrité de la Constitution tout en offrant des solutions temporaires aux crises politiques.

« La législation peut être un moyen efficace pour aborder ces questions de manière plus appropriée et approfondie que par des dispositions constitutionnelles », a-t-il affirmé. Une telle méthode offrirait au Gabon la flexibilité nécessaire pour gérer des situations spécifiques sans compromettre les valeurs démocratiques inscrites dans la loi fondamentale.

La nécessité d’un dialogue national inclusif

Au-delà des critiques concernant le contenu de la nouvelle constitution, Mike Jocktane a appelé à l’organisation d’un second dialogue national. Il propose que ce dialogue soit véritablement inclusif, réunissant des acteurs de tous horizons : religieux, politiques, société civile, jeunesse, traditionalistes et membres de la classe dirigeante actuelle. Ce processus, selon lui, permettrait d’apaiser les tensions et d’instaurer une véritable réconciliation nationale.

Pour Mike Jocktane, ce dialogue doit se concentrer sur la révision complète de plusieurs articles de la constitution, notamment les articles 13, 21, 41, 52, 53, 63, 64, 65, 67, 70, 71, 72, 76, 190, 191 et 192, qui, selon lui, sont sources de division et d’inquiétudes pour l’avenir démocratique du Gabon. Un tel processus, ouvert et transparent, serait la clé pour restaurer la confiance du peuple gabonais dans ses institutions et pour garantir un avenir de paix et de stabilité politique.

Un avertissement clair à l’égard du gouvernement

En conclusion, Mike Jocktane a adressé un plaidoyer au Président de la Transition au Gabon, Oligui Nguema et à son équipe : il les exhorte à revoir intégralement la constitution proposée avant le référendum. Pour lui, cette révision est nécessaire pour éviter que le Gabon ne s’engage sur une voie dangereuse, où la violence politique pourrait être normalisée.

Jocktane plaide ainsi pour une révision en profondeur de la copie constitutionnelle actuelle, afin de s’assurer qu’elle reflète les aspirations du peuple gabonais et qu’elle serve de fondement à une démocratie durable. Le refus de valider en l’état cette nouvelle constitution par le biais du référendum s’inscrit, selon lui, dans une démarche de protection des valeurs républicaines et de préservation de la stabilité du pays.

Le temps presse pour le Gabon, et la question demeure : le gouvernement sera-t-il à l’écoute de cet appel à la raison, ou persistera-t-il dans la voie tracée, avec tous les risques que cela comporte pour l’avenir du pays ?

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Par Amir Baron.

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