L’ancien président du Ghana, John Dramani Mahama, a lancé de graves accusations contre la Commission électorale (EC) du pays, l’accusant de manipuler les préparatifs des élections générales de 2024 en faveur du New Patriotic Party (NPP), actuellement au pouvoir. Cette déclaration, faite lors d’une rencontre avec des militants de son parti, le National Democratic Congress (NDC), met en lumière les tensions croissantes dans le paysage politique ghanéen à l’approche des élections.
Une centralisation de l’enregistrement électoral controversée
Au cœur des critiques de John Mahama se trouve la décision de la Commission électorale de centraliser le processus d’enregistrement des nouveaux électeurs dans ses bureaux de district. Selon l’ancien président, cette mesure restreint considérablement l’accès des populations rurales et vulnérables au processus électoral. « Il s’agit d’une tentative délibérée d’exclure de larges segments de la population qui, historiquement, ne soutiennent pas le NPP », a-t-il déclaré.
Dans un pays où l’infrastructure de transport et la connectivité restent un défi pour les zones reculées, cette décision pourrait marginaliser des milliers de Ghanéens qui ne pourraient pas se déplacer pour s’inscrire. Mahama a également souligné que cette centralisation va à l’encontre des principes d’inclusion démocratique et pourrait porter atteinte à la crédibilité du processus électoral.
Des réformes électorales jugées partisanes
Au-delà de l’enregistrement, Mahama a critiqué d’autres réformes récentes mises en œuvre par la Commission électorale, qu’il considère comme des tentatives déguisées pour avantager le NPP. Il accuse notamment l’EC de ne pas consulter suffisamment les partis d’opposition dans ses prises de décisions et d’adopter des mesures qui compliquent le vote des citoyens à faible revenu, des jeunes et des groupes minoritaires, qui constituent une base électorale clé pour le NDC.
« Nous observons une politisation croissante de la Commission électorale, qui semble être devenue un outil entre les mains du gouvernement actuel », a affirmé Mahama, appelant à une vigilance accrue des citoyens et des observateurs internationaux.
Un appel à la mobilisation et à la vigilance
Face à ce qu’il décrit comme une « menace pour la démocratie ghanéenne », John Mahama a appelé les militants du NDC, la société civile et les électeurs à se mobiliser massivement pour défendre un processus électoral transparent. « Nous ne permettrons pas que la voix du peuple soit étouffée. Chaque citoyen ghanéen a le droit de voter, et nous devons nous assurer que ce droit est protégé », a-t-il martelé.
L’ancien président a également exhorté les organisations internationales, telles que l’Union africaine et la CEDEAO, à surveiller de près les préparatifs électoraux pour éviter toute forme de manipulation.
La réponse de la Commission électorale
De son côté, la Commission électorale a rejeté ces accusations, affirmant que toutes ses actions respectent les lois électorales en vigueur. Dans un communiqué, elle a défendu la centralisation de l’enregistrement comme une mesure nécessaire pour améliorer l’efficacité et minimiser les risques de fraude. L’EC a également souligné son engagement envers des élections libres et équitables, qualifiant les accusations de Mahama de « sans fondement et politisées ».
Un enjeu politique majeur pour 2024
Les élections générales de 2024 s’annoncent comme un test crucial pour la démocratie ghanéenne. John Mahama, qui a été président de 2012 à 2017, espère reconquérir le pouvoir dans un contexte de mécontentement croissant face à la gestion économique et sociale du NPP. Cependant, les tensions autour du processus électoral risquent d’exacerber les divisions politiques et de mettre à rude épreuve la stabilité du pays.
Pour un pays souvent cité comme un modèle de démocratie en Afrique, le Ghana devra relever le défi de garantir des élections libres, transparentes et inclusives. La participation des citoyens, des partis politiques, et la surveillance des observateurs locaux et internationaux seront essentielles pour préserver l’intégrité des urnes.
En conclusion
Les accusations de John Mahama soulignent les défis auxquels le Ghana est confronté pour maintenir sa réputation de bastion démocratique en Afrique de l’Ouest. À moins que ces différends ne soient rapidement résolus de manière équitable, le processus électoral de 2024 pourrait être entaché de soupçons, risquant de compromettre la confiance des citoyens et la stabilité politique du pays. Les semaines à venir seront décisives pour apaiser les tensions et garantir un avenir démocratique serein.
Times Infos
Par Cédric Baloch.