Le gouvernement camerounais a engagé une réforme de grande ampleur visant à restaurer l’intégrité de la Fonction publique, un secteur gangréné depuis des décennies par des irrégularités massives. Plus de 3500 agents ont déjà été radiés pour des infractions variées, et près de 5500 autres pourraient suivre, dans une initiative audacieuse qui pourrait redéfinir les contours de l’administration publique.
Un constat alarmant : agents fictifs et doubles emplois
L’opération baptisée « Coppe« , menée sous l’impulsion du président Paul Biya, a révélé l’ampleur des dysfonctionnements au sein de la Fonction publique. Parmi les 8766 agents identifiés comme étant en situation irrégulière, nombreux sont des employés fictifs ou occupant des postes en double emploi. Ces pratiques frauduleuses ont non seulement sapé la crédibilité des institutions publiques mais également alourdi une masse salariale déjà difficile à gérer.
Des radiations massives pour assainir l’administration
Malgré les convocations répétées, seulement 601 agents ont répondu aux sollicitations pour clarifier leur situation. Cette faible coopération a poussé les autorités à prendre des mesures drastiques, avec une première vague de radiations de plus de 3500 fonctionnaires. L’objectif est clair : éliminer les pratiques indélicates et instaurer un climat de transparence dans la gestion des effectifs publics.
Un impact financier et social significatif
En termes économiques, cette réforme représente une avancée notable. La suppression des agents indélicats permet à l’État de réduire significativement ses dépenses, un besoin impératif dans un contexte où la rationalisation budgétaire est devenue une priorité. Cependant, ces mesures ont également des répercussions sociales importantes. Les familles des agents radiés sont directement affectées, et certains dénoncent un manque de transparence dans les procédures de radiation.
Des défis à relever pour le Gouvernement
Bien que saluée par une partie de la population comme une initiative nécessaire pour moderniser la Fonction publique, cette réforme soulève des critiques. Les syndicats et certains observateurs mettent en question la justesse des radiations et redoutent une montée des tensions sociales. Le gouvernement, quant à lui, reste ferme, insistant sur la nécessité de ces mesures pour rétablir la confiance des citoyens dans les institutions publiques.
Un enjeu pour l’avenir de l’administration Camerounaise
Alors que cette opération devrait s’achever en 2025, elle pourrait servir de modèle pour d’autres réformes dans le pays. Restaurer l’efficacité de l’administration publique et renforcer son intégrité sont des objectifs ambitieux, mais essentiels pour un Cameroun plus transparent et compétitif.
Cette réforme, bien qu’impopulaire pour certains, marque un tournant décisif dans la lutte contre les dysfonctionnements administratifs. Elle met en lumière les défis et opportunités liés à la refonte des institutions publiques, avec un impact durable sur le paysage socio-économique du pays.
Times Infos
Par Rodrigue Mbok.