Charles Blé Goudé, ancien ministre ivoirien et président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP), marque un tournant dans la scène politique ivoirienne en appelant à une loi d’amnistie. Cette initiative, qui reflète ses ambitions politiques et sa vision pour une Côte d’Ivoire réconciliée, vise à effacer les condamnations judiciaires qui pèsent encore sur plusieurs figures politiques, y compris lui-même. Cet article explore les motivations de sa demande et son impact potentiel sur l’avenir politique du pays.
Une demande d’amnistie pour participer à l’avenir politique
Blé Goudé, condamné par contumace à 20 ans de prison pour des accusations liées à la crise postélectorale de 2010-2011, appelle à l’annulation de cette peine et au dégel de ses avoirs. Lors d’une réunion à Gagnoa, il a exhorté le président Alassane Ouattara à suivre l’exemple des précédentes mesures de clémence ayant bénéficié à Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo et d’autres personnalités. Selon lui, cette amnistie serait non seulement un acte de justice, mais aussi un levier crucial pour consolider la réconciliation nationale.
Blé Goudé souhaite se repositionner en tant qu’acteur clé pour les élections présidentielles de 2025, où il envisage de représenter son parti. Cette amnistie ouvrirait non seulement la voie à sa candidature, mais renforcerait également l’idée que tous les acteurs politiques doivent être traités de manière équitable pour garantir un climat politique apaisé.
Un appel à la transition générationnelle
Au-delà de son propre cas, Blé Goudé plaide pour un renouvellement générationnel dans la politique ivoirienne. Inspiré par des figures comme Nelson Mandela, il invite les leaders historiques, notamment Laurent Gbagbo, à se retirer pour laisser place à une nouvelle génération de dirigeants. Pour lui, la jeunesse ivoirienne dispose des idées novatrices et de l’énergie nécessaires pour relever les défis contemporains du pays.
Cette proposition s’inscrit dans une vision plus large de réformes institutionnelles, notamment une restructuration de la Commission électorale indépendante (CEI). Blé Goudé suggère de confier la gestion électorale à des experts neutres pour éviter les tensions et renforcer la confiance des citoyens dans les processus démocratiques.
Les enjeux pour la réconciliation nationale
Cette demande d’amnistie s’inscrit dans un contexte où la réconciliation nationale reste une priorité cruciale pour la stabilité de la Côte d’Ivoire. Blé Goudé affirme que son appel n’est pas motivé par un calcul politique, mais par une volonté sincère de promouvoir l’unité nationale. Il insiste sur le fait qu’une décision favorable serait un pas significatif vers la guérison des blessures laissées par les crises passées.
Cependant, cette initiative ne manque pas de soulever des débats. Certains observateurs craignent qu’une amnistie généralisée puisse affaiblir le sentiment de justice chez les victimes des violences postélectorales. D’autres, en revanche, estiment qu’elle est nécessaire pour tourner définitivement la page et préparer un avenir stable pour le pays.
Conclusion : Une Côte d’Ivoire à la croisée des chemins
La demande d’amnistie de Charles Blé Goudé reflète les tensions entre justice et réconciliation dans le paysage politique ivoirien. Alors que le pays se prépare pour une nouvelle échéance électorale en 2025, cette initiative pourrait être un test pour la maturité démocratique de la Côte d’Ivoire. Si elle est adoptée, elle pourrait redéfinir les rapports de force politiques et offrir une opportunité unique de renforcer l’unité nationale.
Reste à savoir si le président Ouattara répondra favorablement à cet appel, marquant ainsi un geste historique en faveur d’une paix durable.
Times Infos
Par Nancy Nguema.