Côte d’Ivoire 2025 : une présidentielle sous haute tension politique et sociale

La présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire s’annonce comme une bataille politique intense, où les ambitions personnelles et les dynamiques partisanes risquent de remodeler durablement le paysage politique ivoirien. Entre incertitudes juridiques, manœuvres politiques et revendications populaires, le scrutin pourrait être un tournant décisif pour ce pays clé de l’Afrique de l’Ouest.

Alassane Ouattara : une présence contestée au fauteuil présidentiel

Après trois mandats successifs, Alassane Ouattara pourrait céder aux pressions de son parti, le RHDP, pour briguer un quatrième mandat. Bien que la Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels, les précédents interprétatifs du Conseil constitutionnel lui ont permis de se représenter en 2020. Une nouvelle candidature en 2025 risquerait de rallumer les tensions politiques et sociales, ravivant les souvenirs douloureux de la crise post-électorale de 2010-2011.

Mais Ouattara n’est pas seulement confronté à des défis internes. Sa politique économique, bien que souvent saluée sur le plan international, est critiquée localement pour son manque d’impact tangible sur les populations les plus démunies. Le mécontentement grandissant pourrait devenir un levier pour ses opposants.

Tidjane Thiam : le pari du renouveau

Figure de proue du PDCI, Tidjane Thiam incarne un renouveau potentiel dans la sphère politique ivoirienne. Ancien banquier international, il bénéficie d’une image technocratique et d’une crédibilité auprès des partenaires internationaux. Cependant, son profil élitiste pourrait être un handicap face à une population majoritairement rurale et sensible aux discours populistes.

En interne, le PDCI est divisé, notamment avec l’émergence de Jean-Louis Billon, qui appelle à une désignation démocratique du candidat du parti. Cette rivalité pourrait affaiblir la dynamique du PDCI, voire fragmenter ses soutiens, laissant le champ libre au RHDP.

Simone et Laurent Gbagbo : l’héritage d’un passé tumultueux

Simone Gbagbo, avec son Mouvement des Générations Capables (MGC), aspire à s’affirmer comme une alternative crédible. Forte de son expérience politique et de son influence auprès des partisans de l’ancien régime, elle pourrait peser dans les urnes. Cependant, son nom reste associé aux heures sombres de la crise post-électorale, ce qui pourrait limiter son attractivité auprès de certains électeurs.

Son ancien époux, Laurent Gbagbo, bien que réhabilité sur la scène internationale après son acquittement par la CPI, reste sous la menace de sa condamnation en Côte d’Ivoire. Sa candidature éventuelle pourrait exacerber les tensions juridiques et politiques, mais elle témoigne de son désir de reconquérir une scène politique qu’il n’a jamais totalement quittée.

Des enjeux au-delà des individus

Au-delà des ambitions personnelles, cette élection est cruciale pour la stabilité et l’avenir démocratique de la Côte d’Ivoire. Les jeunes générations, frustrées par des décennies de luttes de pouvoir et de promesses non tenues, aspirent à des réformes profondes. La montée en puissance de la société civile et des mouvements citoyens pourrait également jouer un rôle déterminant dans la mobilisation électorale.

Alors que le pays s’apprête à entrer dans une année électorale cruciale, une question demeure : les acteurs politiques ivoiriens sauront-ils transcender leurs ambitions personnelles pour privilégier l’intérêt national ?

La réponse à cette interrogation déterminera si la Côte d’Ivoire sortira renforcée ou divisée de cette épreuve démocratique majeure.

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Par Amir Baron 

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