Avec 99,77 % des suffrages exprimés lors du congrès extraordinaire du 14 mai 2025, Tidjane Thiam a été reconduit à la tête du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), confirmant son autorité sur le plus vieux parti du pays.
L’ancien patron de Credit Suisse, revenu sur la scène politique ivoirienne en grande pompe fin 2023, semble désormais s’imposer comme l’homme fort de l’opposition. Sa réélection, presque plébiscitaire, est perçue par de nombreux observateurs comme un signal fort à l’approche de la présidentielle d’octobre 2025, où l’actuel président Alassane Ouattara semble vouloir imposer son camp pour un nouveau bail au pouvoir.
Une opposition en quête de crédibilité et de renouveau
Depuis la disparition d’Henri Konan Bédié, le PDCI traversait une période de transition difficile, minée par les querelles internes et l’effritement de sa base électorale. L’arrivée de Tidjane Thiam, homme du monde, à la fois technocrate et stratège, a permis de redonner au parti une image de sérieux et d’ambition. En se positionnant comme le porte-voix d’une génération nouvelle, Thiam entend bâtir une alternative crédible au régime actuel, axée sur la réforme des institutions, la justice économique et la réconciliation nationale. Sa posture tranche avec celle des figures historiques du parti et séduit une partie de la jeunesse urbaine, longtemps en quête d’un leadership moderne.
Menace ou simple illusion face au camp Ouattara ?
La montée en puissance de Tidjane Thiam ne laisse pas le camp présidentiel indifférent. Dans les coulisses du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix), certains cadres redoutent une recomposition du paysage politique défavorable à leur candidat. D’autres, plus stratèges, misent sur les incertitudes entourant la nationalité ivoirienne de Thiam, brandie comme argument d’inéligibilité potentielle. Les récentes procédures judiciaires engagées pour contester sa candidature laissent entrevoir une possible manœuvre politico-juridique visant à écarter un adversaire jugé trop menaçant. Une chose est sûre : la réélection de Thiam a rebattu les cartes, et le camp Ouattara ne pourra plus compter sur une opposition divisée pour se frayer un chemin sans encombre vers la victoire.
Entre espoir, manœuvres et incertitudes
La réhabilitation de Tidjane Thiam à la tête du PDCI suscite l’espoir d’un véritable duel politique à armes égales. Mais la route vers une candidature à la magistrature suprême reste semée d’embûches. Outre les obstacles judiciaires, Thiam devra rassembler les différentes tendances du parti, composer avec les ambitions personnelles de certains barons et démontrer sa capacité à faire campagne sur le terrain, loin des salons internationaux où il excellait. Si l’odeur d’entourloupe flotte sur les manœuvres de ses adversaires, c’est aussi un parfum de renouveau qui plane sur l’avenir politique ivoirien.
La Côte d’Ivoire entre dans une zone de turbulences politiques majeures. Entre les ambitions de Thiam, les stratégies du RHDP, et les attentes d’un peuple en quête de stabilité et de changement, l’élection présidentielle d’octobre 2025 s’annonce comme l’une des plus disputées de l’histoire récente du pays. Tidjane Thiam a fait un retour fracassant. Reste à savoir s’il saura transformer l’essai face à un pouvoir solidement implanté et décidé à jouer toutes ses cartes.
Times Infos
Par Mbak Ndèye.