À mesure que se rapproche l’échéance électorale, le climat politique ivoirien devient de plus en plus incertain. Entre exclusions controversées, tensions internes et prophéties inquiétantes, le pays semble au bord de l’implosion.
Un pays sous tension
À quelques mois de l’élection présidentielle prévue en octobre 2025, la Côte d’Ivoire vit au rythme des crispations politiques. Ce qui devait être une période de débats démocratiques et de mobilisation populaire s’est transformé en une série de controverses et de remous au sein de la classe politique. Dans la rue comme dans les couloirs du pouvoir, la peur d’une déflagration politique s’installe.
Des figures majeures évincées
L’un des points les plus préoccupants reste l’éviction de plusieurs personnalités influentes du paysage politique ivoirien. Accusées de diverses irrégularités ou contraintes par des procédures administratives jugées opaques, certaines figures de proue se sont vu retirer leur éligibilité. Une décision qui fait grincer des dents dans l’opposition, mais aussi dans une partie de l’opinion publique, qui y voit une tentative d’éliminer des adversaires politiques jugés trop menaçants.
« C’est un déni de démocratie ! », dénoncent certains cadres de partis d’opposition. Loin d’être de simples incidents électoraux, ces exclusions pourraient transformer le scrutin en une course faussée, alimentant la colère de nombreux électeurs déjà méfiants face aux institutions.
Crises internes dans les partis
Par ailleurs, les grandes formations politiques ne sont pas épargnées par des tensions internes. Lutte de leadership, dissidences, contestations locales… Le front politique est morcelé. L’unité, indispensable pour affronter un scrutin aussi décisif, semble faire défaut, y compris dans les partis qui aspirent à l’alternance.
Ces fractures internes affaiblissent la capacité des partis à mobiliser, et laissent le champ libre à un pouvoir en place solidement structuré, mais dont les méthodes inquiètent.
Quand les voix religieuses s’en mêlent
Signe que la situation dépasse la seule sphère politique, plusieurs leaders religieux sont récemment montés au créneau. Leurs messages, souvent alarmistes, évoquent une élection qui pourrait virer au drame si rien n’est fait pour apaiser les tensions. Certains appellent à la sagesse, d’autres alertent sur des visions troublantes. Ces prises de parole trouvent un écho grandissant dans une société ivoirienne encore marquée par les douloureux souvenirs de la crise post-électorale de 2010.
Vers une nouvelle crise post-électorale ?
Les signaux d’alerte sont nombreux. Méfiance envers les institutions, défiance vis-à-vis des règles du jeu électoral, montée des tensions sociales… Autant de facteurs qui, réunis, dessinent un scénario inquiétant. À moins d’un sursaut politique collectif, la Côte d’Ivoire risque de plonger dans une nouvelle période d’instabilité.
Les Ivoiriens, lassés des promesses non tenues et des luttes de pouvoir, aspirent à une élection transparente, inclusive et apaisée. Mais pour cela, il faudra une volonté sincère de dialogue, un respect strict des règles démocratiques et un arbitrage impartial de la part des autorités.
L’histoire retiendra-t-elle cette élection comme un tournant démocratique ou comme une rechute dans la crise ? Le destin politique du pays se joue, et plus que jamais, l’heure est grave.
Times Infos
Par Patrick Kindé.