L’élection du prochain président de la Banque africaine de développement (BAD) s’annonce comme l’un des événements financiers majeurs de 2025. Cinq candidats issus de divers horizons se disputent la succession d’Akinwumi Adesina, à la tête de l’institution depuis 2015. Cette élection, prévue en mai prochain, revêt une importance capitale pour l’orientation stratégique de la banque dans un contexte économique africain marqué par la reprise post-COVID, les défis climatiques et les impératifs de développement durable.
Des profils divers aux ambitions affirmées
Les cinq candidats en lice offrent un panel varié de compétences et d’expériences, reflétant les enjeux complexes de la BAD. Parmi eux, Samuel Munzele Maimbo (Zambie), actuel vice-président de la Banque mondiale en charge du Budget, de l’Évaluation des performances et de la Planification stratégique, est considéré comme un favori. Soutenu par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et le COMESA, il met en avant son expertise en gestion financière et en développement des infrastructures.
Face à lui, Amadou Hott (Sénégal), ancien ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération du Sénégal, bénéficie d’une expérience solide en tant qu’ex-vice-président de la BAD. Il a contribué à la mise en place de projets structurants dans le domaine énergétique et prône une approche axée sur l’innovation financière et la transition écologique.
Autre candidat sérieux, Romuald Wadagni (Bénin), ministre des Finances depuis 2016, s’est illustré par des réformes ayant transformé l’économie béninoise. Réputé pour son pragmatisme et son engagement en faveur de la rigueur budgétaire, il ambitionne de positionner la BAD comme un levier de croissance pour les économies émergentes africaines.
Le Tchadien Abbas Mahamat Tolli, ancien gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), apporte quant à lui une vision régionale axée sur la stabilité macroéconomique et la résilience financière, tandis que Swazi Tshabalala (Afrique du Sud), vice-présidente par intérim de la BAD, mise sur sa connaissance approfondie de l’institution pour assurer une continuité dans la gouvernance et renforcer l’intégration régionale.
Une élection sous haute tension géopolitique
Au-delà des compétences individuelles, cette élection est aussi une bataille d’influence entre différentes régions du continent. La SADC et le COMESA soutiennent activement Samuel Munzele Maimbo, tandis que la CEDEAO pourrait privilégier un candidat d’Afrique de l’Ouest comme Amadou Hott ou Romuald Wadagni. L’Afrique centrale, historiquement moins représentée à la tête de la BAD, pourrait tenter de rallier des soutiens en faveur d’Abbas Mahamat Tolli.
L’enjeu est d’autant plus grand que la BAD joue un rôle crucial dans le financement des infrastructures africaines, le soutien aux PME et l’accompagnement des politiques publiques. Avec un portefeuille d’investissements de plusieurs milliards de dollars, le prochain président devra faire face aux défis du financement climatique, de la dette croissante de certains États africains et de l’accès aux ressources financières pour les pays en développement.
Quel avenir pour la BAD après cette élection ?
Le futur président de la BAD aura pour mission de renforcer la position de l’institution sur la scène financière mondiale tout en répondant aux attentes des pays membres. L’une des questions centrales reste l’accès au financement pour les pays africains à des conditions plus favorables, notamment via des instruments innovants et un partenariat renforcé avec les institutions internationales.
L’élection de mai 2025 s’annonce donc comme un tournant décisif pour l’avenir du développement économique du continent. Si chaque candidat dispose d’atouts solides, les alliances régionales et les stratégies diplomatiques seront déterminantes dans le choix du prochain dirigeant de la BAD. Reste à voir lequel saura convaincre les actionnaires et les États membres de son aptitude à relever les défis économiques de l’Afrique du XXIe siècle.
Times Infos
Par Amir Baron.