En Côte d’Ivoire : La rupture entre le FPI et le RHDP engendre un possible bouleversement politique à un an de la présidentielle

La Côte d’Ivoire entre dans une nouvelle phase de son histoire politique, marquée par la rupture entre deux poids lourds du paysage national. Le Front populaire ivoirien (FPI) de Pascal Affi N’Guessan a officiellement rompu son « accord de partenariat » avec le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), parti au pouvoir dirigé par le président Alassane Ouattara. Ce divorce intervient à un moment stratégique, à seulement un an de la prochaine élection présidentielle, prévue pour 2025. Ce retrait redéfinit non seulement l’échiquier politique, mais met également en lumière les tensions croissantes et les désaccords latents entre les grandes formations politiques ivoiriennes.

Un accord pour la réconciliation et la stabilité

Signé il y a près d’un an et demi, cet accord entre le FPI et le RHDP avait pour objectif principal de promouvoir la réconciliation nationale, un enjeu crucial après des années de crise et de divisions politiques. Les deux formations s’étaient engagées à collaborer pour renforcer la stabilité du pays en nouant des alliances électorales et en travaillant conjointement à pacifier la scène politique ivoirienne. En effet, la Côte d’Ivoire, bien que stable ces dernières années, reste marquée par des épisodes violents et des tensions politiques qui remontent aux élections contestées de 2010, ayant plongé le pays dans une crise postélectorale sanglante.

Le FPI, parti fondé par l’ancien président Laurent Gbagbo, avait trouvé en Pascal Affi N’Guessan un dirigeant prêt à s’engager dans une dynamique de collaboration avec le pouvoir, dans une perspective de réconciliation nationale. Cependant, cette collaboration semblait, dès le début, reposer sur des bases fragiles, d’autant plus que la branche pro-Gbagbo du FPI, représentée par l’ancien président lui-même, n’avait jamais totalement cautionné cette alliance avec le camp Ouattara.

Les raisons d’une rupture annoncée

La rupture entre le FPI d’Affi N’Guessan et le RHDP intervient dans un contexte où les tensions politiques semblent s’exacerber à l’approche de l’élection présidentielle. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette décision. D’une part, le FPI pourrait chercher à se repositionner pour ne pas apparaître comme un simple allié subordonné au RHDP, surtout à un moment où de nombreux électeurs se tournent vers des alternatives politiques en quête de changement. Le rapprochement avec le pouvoir en place, bien qu’ayant des avantages, pourrait avoir fragilisé l’image du FPI auprès de ses partisans historiques, attachés à une opposition plus frontale au régime Ouattara.

D’autre part, les divergences d’intérêts stratégiques entre les deux partis ont sans doute fini par rendre la cohabitation insoutenable. L’approche des élections pousse les partis à redéfinir leurs priorités et leurs alliances. Pour le FPI, la rupture pourrait également signifier une volonté de rallier d’autres forces de l’opposition, ou même de tenter de réconcilier les différentes branches du parti pour peser davantage dans le débat national.

Les conséquences sur le paysage politique ivoirien

Cette décision du FPI de rompre avec le RHDP aura des répercussions sur le paysage politique à l’approche de la présidentielle. Le RHDP, qui s’était appuyé sur cette alliance pour renforcer son assise politique, se retrouve désormais sans le soutien d’un allié qui, bien qu’ayant perdu une partie de son influence historique, demeure une force politique non négligeable. Pour le parti d’Alassane Ouattara, cette rupture pourrait signifier une plus grande difficulté à rassembler une majorité confortable lors des prochaines élections.

Du côté du FPI, la rupture pourrait être perçue comme une opportunité de réaffirmer son identité et de se repositionner en tant que parti d’opposition crédible. Toutefois, cette stratégie comporte aussi des risques. En se retirant de l’alliance avec le pouvoir, le FPI devra convaincre qu’il est capable de proposer une alternative sérieuse aux Ivoiriens, tout en unifiant ses propres rangs.

Un contexte électoral de plus en plus incertain

Alors que l’élection présidentielle de 2025 approche, cette rupture entre le FPI et le RHDP pourrait précipiter une recomposition des alliances politiques. Le jeu des coalitions pourrait se complexifier, avec des alliances en constante évolution. Les autres partis d’opposition, comme le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Henri Konan Bédié, pourraient également être tentés de tirer parti de cette situation pour renforcer leurs propres positions.

Les électeurs ivoiriens, quant à eux, se retrouvent face à un paysage politique en plein bouleversement, où les lignes de démarcation entre pouvoir et opposition semblent se redessiner à mesure que les échéances électorales approchent. Le climat de méfiance et d’incertitude pourrait également favoriser un retour des tensions politiques, ce que le pays espérait pourtant éviter grâce aux efforts de réconciliation nationale entrepris ces dernières années.

Ainsi, la rupture entre le FPI et le RHDP marque une étape clé dans l’évolution politique de la Côte d’Ivoire. À l’approche de l’élection présidentielle de 2025, cette séparation pourrait avoir des conséquences profondes sur les stratégies électorales des principaux partis. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si cette rupture entraînera un renforcement des positions d’opposition ou, au contraire, un éclatement des forces politiques dans un paysage déjà fragmenté. Quoi qu’il en soit, la Côte d’Ivoire entre dans une phase de grande incertitude politique, où la réconciliation et la stabilité tant recherchées pourraient être mises à rude épreuve.

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Par Seydou Koné.

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