En RDC Moïse Katumbi met en garde Félix Tshisekedi : le pouvoir n’est pas éternel

Moïse Katumbi, ancien gouverneur de la province du Katanga et l’un des principaux leaders de l’opposition en République Démocratique du Congo (RDC), a récemment adressé des critiques acerbes à l’encontre de la gouvernance du président Félix Tshisekedi. Katumbi, autrefois allié de Tshisekedi, s’est fermement opposé à toute tentative de modification de la Constitution qui permettrait au président en exercice de prolonger son mandat au-delà de la limite fixée. Dans un contexte politique tendu à l’approche des élections présidentielles de 2024, ces déclarations ravivent le débat autour de la démocratie et de l’alternance politique en RDC.

Une opposition ferme à la modification constitutionnelle

Au cœur des critiques de Moïse Katumbi se trouve une question cruciale pour l’avenir de la RDC : celle de la préservation de l’intégrité de la Constitution. Le président Félix Tshisekedi, arrivé au pouvoir en 2019 après un accord historique avec l’ancien président Joseph Kabila, est accusé par certains observateurs de chercher à modifier la Constitution afin de briguer un troisième mandat. Pour Katumbi, une telle initiative serait une trahison des principes démocratiques que Tshisekedi a promis de défendre.

Selon Katumbi, la Constitution doit rester un pilier fondamental du système politique congolais, garantissant des transitions pacifiques et régulières au sommet de l’État. Toute tentative de la modifier pour le maintien au pouvoir serait, selon lui, une « usurpation » qui risque d’engendrer une instabilité politique et sociale. « Il y a une vie après le pouvoir », a déclaré Katumbi, en soulignant l’importance de respecter la fin de mandat et de préparer une alternance.

Une gouvernance contestée

Au-delà de la question constitutionnelle, Moïse Katumbi s’est montré particulièrement critique à l’égard de la gestion du pays sous la présidence de Félix Tshisekedi. Bien qu’il ait soutenu ce dernier dans les premières années de son mandat, il dénonce aujourd’hui une gouvernance qu’il qualifie de décevante, marquée par un manque de résultats tangibles sur le terrain, notamment en ce qui concerne les promesses de réformes et de lutte contre la corruption.

Katumbi, qui jouit encore d’une popularité considérable en RDC, notamment dans la région du Katanga, a fustigé l’incapacité du gouvernement à améliorer les conditions de vie des Congolais. Les défis économiques, sociaux et sécuritaires persistent, alors que l’Est du pays continue d’être ravagé par des conflits armés. Katumbi reproche au président en place de ne pas avoir su capitaliser sur l’élan populaire qui l’a porté au pouvoir pour engager les réformes nécessaires.

L’alternance politique : un impératif pour la RDC

La question de l’alternance politique est centrale dans le discours de Moïse Katumbi. À plusieurs reprises, il a insisté sur le fait que la RDC, qui a connu plusieurs décennies de régimes autoritaires, doit impérativement consolider sa démocratie en respectant les cycles électoraux. Pour lui, une transition pacifique du pouvoir en 2024 est essentielle pour maintenir la stabilité du pays et éviter le retour à un régime autocratique.

Katumbi semble donc se positionner non seulement en opposant à Tshisekedi, mais aussi comme un défenseur de la démocratie et de la gouvernance transparente. Il met en garde contre les dérives autoritaires qui ont marqué l’histoire politique de la RDC et exhorte les acteurs politiques à privilégier l’intérêt du peuple congolais plutôt que leurs propres ambitions personnelles.

Un message à l’intention des dirigeants africains

Au-delà des frontières congolaises, les propos de Moïse Katumbi résonnent comme un avertissement pour les autres dirigeants africains qui cherchent à se maintenir au pouvoir par la modification des constitutions. En Afrique, de nombreux exemples récents montrent que cette tendance continue d’être un obstacle à la démocratie, avec des présidents cherchant à prolonger leur règne par des moyens anticonstitutionnels.

En déclarant que « la vie continue après le pouvoir », Katumbi rappelle que le leadership ne doit pas être vu comme une fin en soi, mais comme un service temporaire au bénéfice du peuple. Il appelle à un changement de paradigme, où la consolidation démocratique passe par des dirigeants qui respectent les règles et se retirent lorsque leur mandat arrive à échéance.

Perspectives pour 2024

Alors que l’élection présidentielle de 2024 approche, Moïse Katumbi semble se préparer à jouer un rôle majeur dans le paysage politique de la RDC. Sa critique de Félix Tshisekedi n’est pas seulement un acte d’opposition, mais un signal qu’il se positionne comme une alternative possible. Porté par son expérience politique et son charisme, Katumbi pourrait rassembler les forces de l’opposition et tenter de proposer une nouvelle direction pour le pays.

Il reste à voir si Félix Tshisekedi répondra aux critiques de son ancien allié et s’il respectera l’ordre constitutionnel en permettant une transition démocratique. Pour l’heure, les tensions politiques montent et la RDC s’apprête à vivre une période électorale décisive pour son avenir.

En somme, les déclarations de Moïse Katumbi mettent en lumière des enjeux cruciaux pour la RDC : la nécessité d’une gouvernance démocratique, le respect de la Constitution, et l’importance de l’alternance politique. Alors que le pays se dirige vers les élections de 2024, ce débat sera au cœur des discussions sur l’avenir politique du Congo.

Times Infos 

Par Cédric Baloch.

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