Fermeture de l’USAID : Coup de tonnerre ou électrochoc pour l’Afrique ?

Le 3 février 2025, le milliardaire Elon Musk, récemment nommé à la tête du Département de l’Efficacité Gouvernementale (DOGE), a annoncé la fermeture immédiate de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), une décision approuvée par le président Donald Trump. Ce démantèlement brutal a entraîné la suspension de plus de 40 milliards de dollars d’aide humanitaire et de développement à travers le monde, dont 3,2 milliards étaient destinés à l’Afrique. Cette annonce fait l’effet d’un séisme, posant une question cruciale : s’agit-il d’une catastrophe pour le continent ou d’une opportunité d’émancipation ?

Un coup dur pour les secteurs vitaux africains

L’USAID joue un rôle clé dans le financement de programmes de santé, d’éducation et de sécurité alimentaire en Afrique. Parmi les initiatives les plus affectées, le Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR) et l’Initiative présidentielle contre le paludisme (PMI) sont en première ligne. Depuis sa création, le PEPFAR a sauvé plus d’un million de vies en fournissant des traitements antirétroviraux aux personnes vivant avec le VIH/SIDA. De son côté, la PMI a permis de distribuer des moustiquaires imprégnées et des traitements antipaludiques, réduisant la mortalité liée au paludisme de manière significative. La disparition de ces financements met en péril des millions de vies, avec un risque de résurgence de maladies autrefois sous contrôle.

L’impact ne se limite pas à la santé. De nombreux programmes éducatifs, agricoles et de lutte contre la malnutrition dépendent de l’USAID. Dans des pays comme le Cameroun, où l’agence a alloué plus de 80 millions de dollars en 2022 pour la lutte contre le VIH/SIDA, la fermeture soudaine de ces financements pourrait provoquer une crise humanitaire. Les populations les plus vulnérables, notamment les réfugiés et les déplacés internes, risquent de perdre leur principale source d’aide alimentaire et sanitaire.

Une décision politique aux motivations ambigües

Si Donald Trump et Elon Musk justifient cette fermeture par la volonté de recentrer les dépenses américaines sur les intérêts nationaux, il est difficile d’ignorer les implications géopolitiques de cette décision. Depuis des décennies, l’USAID a été un outil d’influence stratégique des États-Unis sur le continent africain, permettant de renforcer des alliances, de promouvoir la démocratie et de contenir l’influence de puissances rivales comme la Chine et la Russie.

La fermeture de l’agence s’inscrit-elle dans une vision isolationniste où l’Amérique se retire du jeu international, ou s’agit-il d’un simple changement de stratégie visant à redéployer l’aide sous d’autres formes ? Certains analystes estiment que cette décision pourrait ouvrir la porte à de nouveaux acteurs, notamment la Chine, qui multiplie déjà ses investissements en Afrique à travers des infrastructures et des prêts massifs.

Un électrochoc nécessaire pour l’autonomie africaine ?

Si la fermeture de l’USAID représente une menace immédiate, elle pose aussi une question fondamentale : l’Afrique peut-elle continuer à dépendre d’une aide étrangère aussi déterminante pour sa survie ? Cette crise pourrait être un signal d’alarme pour que les pays africains repensent leur modèle de financement du développement et renforcent leur autonomie.

Les gouvernements africains ont désormais l’obligation d’augmenter leurs investissements dans les secteurs clés comme la santé et l’éducation. Le renforcement des systèmes fiscaux, la promotion des partenariats public-privé et l’investissement dans la recherche locale sont autant de pistes à explorer pour compenser le retrait américain. Certains pays, comme le Rwanda et le Ghana, ont déjà amorcé des stratégies de diversification économique qui leur permettent de réduire leur dépendance aux aides extérieures.

Une opportunité pour de nouveaux partenariats ?

L’absence de l’USAID ne signifie pas la fin du développement en Afrique. Au contraire, cela pourrait ouvrir la porte à de nouvelles collaborations avec d’autres puissances économiques comme l’Union européenne, la Chine, l’Inde ou encore des institutions financières comme la Banque africaine de développement. L’émergence d’une coopération Sud-Sud, avec des investissements intra-africains plus soutenus, pourrait également permettre au continent de redéfinir ses priorités et de gagner en indépendance.

Toutefois, cette transition ne se fera pas sans douleur. L’Afrique doit rapidement mettre en place des solutions alternatives pour combler le vide laissé par l’USAID, sans quoi la situation pourrait basculer vers une crise humanitaire majeure.

Une rupture brutale, mais un avenir à construire

La fermeture de l’USAID est un choc brutal pour de nombreux pays africains qui dépendaient de son soutien. Si cette décision risque d’avoir des conséquences dramatiques à court terme, elle met en lumière une réalité incontournable : l’Afrique ne peut plus se permettre d’être à la merci des décisions politiques étrangères.

Cette crise doit être transformée en opportunité. L’Afrique a le choix entre subir les effets de ce retrait ou s’en servir comme un catalyseur pour bâtir un avenir plus autonome. Ce tournant historique pourrait bien être l’électrochoc nécessaire pour repenser les modèles de développement du continent et affirmer sa souveraineté sur la scène internationale.

Times Infos 

Par David Barne.

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