L’ancien porte-parole de la présidence gabonaise, Ike Ngouoni, a refait surface une énième fois ce 21 février 2025 lors d’une conférence de presse à Libreville. Son discours, teinté de leçons d’exemplarité et d’appels à un renouveau politique, a cependant laissé place à une question troublante : pourquoi n’a-t-il toujours pas rendu visite à son ancien mentor, Ali Bongo, depuis sa sortie de prison ?
Un silence qui interroge
Après quatre années derrière les barreaux, Ike Ngouoni, autrefois proche d’Ali Bongo, n’a pas jugé utile de se rendre auprès de celui dont il fut l’« homme d’oreille ». Cette absence, révélée par un journaliste lors de son intervention, a alimenté les spéculations. Est-ce un désaveu implicite ou une stratégie politique savamment orchestrée ?
De la morale à la polémique
Se posant en apôtre de l’exemplarité, Ike Ngouoni fustige le « Kounabélisme » – cette tendance à l’opportunisme politique effréné – et critique ceux qui multiplient les appels à la candidature du président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. Mais cette posture de donneur de leçons passe mal auprès de certains observateurs, qui lui rappellent son passé au sommet de l’État sous Ali Bongo.
Un engagement sous conditions, mais pour quoi faire ?
S’il assure ne pas briguer la magistrature suprême lors de l’élection du 12 avril prochain, Ike Ngouoni ne cache pas ses ambitions. Il annonce la création, après le retour à l’ordre constitutionnel, d’un parti politique fondé sur le progrès, la justice et l’engagement collectif. Un projet qui, selon lui, doit transcender les divisions et réconcilier le Gabon avec lui-même.
Cependant, le Gabon compte déjà plus d’une centaine de partis politiques. Plutôt que de s’illustrer dans un domaine où il ne possède pas une expérience avérée, ne devrait-il pas explorer d’autres voies pour contribuer au pays ? Que pourrait-il proposer aux Gabonais que ces multiples formations politiques n’ont pas déjà tenté ?
« On propose, pas on subit »
Loin du fatalisme ambiant du « on va encore faire comment », Ike Ngouoni exhorte les Gabonais à adopter une approche proactive : proposer des solutions plutôt que de subir les événements. Un appel à l’action qui sonne comme un avertissement à une classe politique accrochée à ses privilèges.
Le Gabon à l’aube d’un tournant décisif
Le 12 avril 2025 marquera la fin de la transition militaire et l’ouverture d’une nouvelle ère politique pour le Gabon. Dans ce contexte de bouleversements, Ike Ngouoni tente d’imposer sa voix. Mais saura-t-il convaincre, ou restera-t-il perçu comme un revenant en quête de réhabilitation ?
Times Infos
Par Amir Baron.