Le 20 février 2025, le gouvernement gabonais frappe un grand coup en rebaptisant l’aéroport de Port-Gentil du nom de Joseph Rendjambe Issani. Une décision qui secoue le pays, ravive les mémoires et relance un débat brûlant sur la reconnaissance des figures historiques du Gabon.
Un homme, un destin, un héritage
Né le 31 mai 1939 à Omboué, dans l’Ogooué-Maritime, Joseph Rendjambe Issani était bien plus qu’un intellectuel brillant : il était un homme d’action, un visionnaire politique. Héritier du trône royal d’Omboué, il s’impose après des études à la Sorbonne et un doctorat en sciences économiques en République tchèque. Sa carrière politique prend un tournant décisif lorsqu’il devient en 1990 le premier secrétaire général du Parti Gabonais du Progrès (PGP), incarnant une opposition résolue face au régime en place.
Une disparition tragique qui bouleverse le Gabon
Le 23 mai 1990, il est retrouvé mort dans des circonstances suspectes à l’hôtel Dowe de Libreville. Une onde de choc secoue le pays. La colère monte, les rues s’embrasent. Libreville et Port-Gentil deviennent le théâtre de manifestations historiques, défiant couvre-feu et répression. L’hôtel Dowe est réduit en cendres par la fureur populaire, tandis que les manifestants crient justice et dénoncent une élimination politique orchestrée.
Un geste politique chargé de sens
Trente-cinq ans plus tard, le président Brice Clotaire Oligui Nguema semble vouloir solder les comptes du passé. En rebaptisant l’aéroport de Port-Gentil, il pose un acte fort, un message sans équivoque : l’histoire ne peut être effacée. Ce geste marque une rupture avec un héritage politique longtemps figé et une volonté de rendre hommage à ceux qui ont osé défier l’ordre établi.
Un choix qui divise
Si cette décision suscite un large écho et un vent de reconnaissance, elle n’est pas sans controverse. Pour certains, elle répare une injustice historique, tandis que pour d’autres, elle cache des calculs politiques. Loin de faire l’unanimité, ce changement de nom rallume un débat de fond sur la mémoire nationale et la manière dont le Gabon choisit ses héros.
Une relecture nécessaire de l’histoire
En inscrivant Joseph Rendjambe Issani dans la postérité, le Gabon s’engage dans un processus de réconciliation avec son passé. Mais cette reconnaissance tardive soulève une question cruciale : s’agit-il d’un véritable tournant mémoriel ou d’un opportunisme politique ? Si l’histoire a souvent été écrite par les vainqueurs, ce geste semble redonner la parole aux oubliés. Reste à savoir si ce sera le début d’une véritable revalorisation des figures de la résistance ou un simple coup politique.
L’avenir nous dira si le nom de Joseph Rendjambe Issani, désormais gravé dans le ciel de Port-Gentil, sera synonyme de justice ou d’instrumentalisation.
Times Infos
Par Nancy Nguema.