Depuis le changement de régime au Gabon, avec la prise de pouvoir par le général Brice Clotaire Oligui Nguema suite au coup d’État du 30 août 2023, une question cruciale demeure : quelle place pour la jeunesse dans la nouvelle gouvernance du pays ? Alors que les attentes sont grandes, notamment après des décennies de gestion sous l’ère Bongo, la jeunesse gabonaise espère être intégrée dans la haute sphère décisionnelle, mais les premiers signes sont encore timides.
Une jeunesse Gabonaise en mal de reconnaissance
Le Gabon est un pays où la jeunesse représente la majorité de la population. Toutefois, cette jeunesse dynamique, innovante et engagée, a souvent été mise à l’écart du processus de décision politique, économique et social. Sous l’ancien régime d’Ali Bongo Ondimba, le pouvoir était largement concentré entre les mains de personnalités âgées, souvent proches de la famille Bongo ou issues de cercles d’influence de l’ancien régime. Cette concentration du pouvoir a laissé peu de place aux jeunes leaders qui souhaitent contribuer à la gouvernance du pays.
Le constat est amer pour bon nombre de jeunes Gabonais : malgré leur nombre et leur potentiel, ils sont perçus comme des spectateurs de la vie politique plutôt que des acteurs. Ce sentiment de mise à l’écart a engendré un certain malaise au sein de cette génération, qui aspire à plus de responsabilités et à une participation active dans la construction du Gabon de demain.
La Transition : Espoir ou continuité ?
L’arrivée de Brice Clotaire Oligui Nguema à la tête de la transition gabonaise a suscité l’espoir d’un renouveau, d’une rupture avec les pratiques de l’ancien régime. Nombreux sont ceux qui espéraient voir émerger un gouvernement plus représentatif de la réalité démographique du pays, notamment en intégrant davantage de jeunes dans les instances décisionnelles. Cependant, les premières nominations au sein du gouvernement de transition ont quelque peu refroidi ces attentes.
En effet, plusieurs des figures nommées dans les postes clés de la transition sont des personnalités issues des anciens cercles de pouvoir ou des personnes ayant servi sous le régime Bongo. Cette continuité apparente soulève des interrogations sur la réelle volonté de changement de la nouvelle équipe au pouvoir. Bien que la nécessité d’une certaine stabilité institutionnelle puisse expliquer la présence de ces personnalités expérimentées, la jeunesse gabonaise s’interroge sur la place qui lui sera réservée dans la nouvelle architecture politique.
La place de la jeunesse dans la Transition : Un défi crucial
Pour Brice Clotaire Oligui Nguema et son équipe, le défi est double : il s’agit non seulement de gérer une transition complexe après plusieurs décennies de règne d’une même famille, mais aussi de répondre aux aspirations de la population, notamment des jeunes. Ces derniers, en tant que futurs leaders, doivent être intégrés non seulement pour garantir une légitimité à long terme, mais aussi pour insuffler une nouvelle dynamique à la gestion des affaires publiques.
L’inclusion des jeunes dans les sphères de gouvernance est cruciale pour plusieurs raisons. D’abord, elle permettrait de mieux représenter les aspirations d’une population largement jeune, en adéquation avec les réalités sociales et économiques du pays. Ensuite, elle garantirait une modernisation de la gouvernance, avec l’apport de nouvelles idées et de nouvelles approches, indispensables pour répondre aux défis contemporains tels que la diversification économique, l’éducation, l’environnement et la transformation numérique.
Si la transition ne parvient pas à intégrer cette dimension, elle pourrait être perçue comme une continuité de l’ancien régime, ce qui pourrait provoquer une montée des frustrations chez les jeunes et engendrer un climat d’instabilité politique.
Quels scénarios pour l’avenir ?
Plusieurs scénarios se dessinent pour l’avenir de la jeunesse gabonaise dans ce nouveau contexte de transition. Le premier, optimiste, serait celui d’une ouverture progressive du pouvoir à la nouvelle génération. Cela passerait par la nomination de jeunes dans des postes de responsabilité, la consultation régulière des jeunes leaders dans les prises de décision et la mise en place de politiques inclusives favorisant l’entrepreneuriat et la participation politique des jeunes.
Le second scénario, plus pessimiste, serait celui d’une transition marquée par la continuité des anciennes pratiques, avec une marginalisation continue des jeunes. Dans ce cas, la jeunesse gabonaise pourrait se tourner vers des formes plus actives de contestation, que ce soit à travers les réseaux sociaux ou dans la rue, pour faire entendre sa voix.
Conclusion : La jeunesse, un atout à mobiliser
La transition en cours au Gabon est une opportunité historique pour restructurer la gouvernance du pays et inclure la jeunesse dans les prises de décisions. Le succès de cette transition dépendra en grande partie de la capacité de Brice Clotaire Oligui Nguema et de son équipe à comprendre et répondre aux aspirations des jeunes Gabonais.
Le pays est à un tournant décisif, et la jeunesse, loin d’être un simple spectateur, doit être un acteur central de cette nouvelle ère. Que ce soit par le biais de politiques inclusives ou par une transformation des pratiques politiques, le Gabon ne peut pas se permettre de continuer à négliger cette partie dynamique et ambitieuse de sa population.
Times Infos
Par Nancy Nguema.