Gabon : la marche de soutien à Oligui Nguema, entre réforme et tentation de continuité au pouvoir

Le Gabon a récemment été le théâtre ce 18 janvier 2025 à Libreville d’une mobilisation massive en faveur du président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. Organisée par des jeunes, des acteurs politiques, et des membres de la société civile, cette marche visait à inciter le président de la transition à briguer un mandat lors de la prochaine élection présidentielle prévue en 2025. Si cette démonstration d’appui populaire reflète l’espoir de nombreuses parties prenantes de voir les réformes amorcées se poursuivre, elle soulève également des questions cruciales sur l’avenir politique du pays et l’intégrité du processus démocratique.

Une mobilisation populaire au service d’une vision de continuité

Les organisateurs de cette marche ont insisté sur la nécessité pour Oligui Nguema de poursuivre son travail, entamé depuis la fin de l’ère Bongo le 30 août 2023. Sous sa présidence, des réformes majeures, telles que la lutte contre la corruption et la refonte des institutions publiques, ont été mises en avant comme des jalons essentiels pour le développement du Gabon. Pour ses partisans, un départ prématuré ou une fin abrupte de son mandat de transition risquerait de compromettre ces avancées.

Cette ferveur, cependant, semble être alimentée par une dynamique où les acteurs politiques et civils cherchent à capitaliser sur les symboles de stabilité et de réforme qu’Oligui Nguema incarne. En effet, des figures influentes, à l’instar du parti UPR de Gervais Oniane, militent activement depuis plusieurs mois pour une candidature officielle. Le message est clair : ils veulent prolonger cette transition en la consolidant par un mandat électif.

Un cadre institutionnel questionné

L’autorisation récente, lors d’un conseil des ministres, permettant aux magistrats et aux membres des forces de sécurité de se porter candidats à des élections est perçue par certains comme une mesure qui pourrait faciliter la candidature d’Oligui Nguema. Si cette disposition semble promouvoir l’ouverture démocratique, elle est également critiquée pour son potentiel à brouiller la ligne entre transition politique et maintien du pouvoir par des figures issues du système militaire.

Cette situation soulève des interrogations sur la neutralité et l’équité du futur processus électoral. En tant que président de transition, Oligui Nguema dispose déjà d’un avantage structurel et symbolique sur ses éventuels adversaires. Sa participation active à l’élection pourrait être perçue par certains comme un retour déguisé à un système de pouvoir concentré.

Le dilemme de la transition démocratique

Pour de nombreux observateurs, le défi du Gabon est de garantir une transition véritablement démocratique, où les institutions redeviennent le socle de la légitimité politique, plutôt qu’un simple outil pour prolonger le pouvoir en place. Une candidature d’Oligui Nguema, bien qu’attendue par ses partisans, pourrait compromettre cet équilibre fragile et ternir la perception de la transition comme un processus impartial.

L’histoire récente du Gabon, marquée par des décennies de gouvernance hégémonique, a laissé des traces profondes dans la conscience politique du pays. Aujourd’hui, les appels à une candidature d’Oligui Nguema posent une question fondamentale : le Gabon peut-il sortir de la transition en consolidant un nouveau pacte démocratique, ou risque-t-il de sombrer dans un cycle de continuité politique où les promesses de changement s’évanouissent ?

L’attente d’une réponse décisive

Alors que les appels à candidature se multiplient, le président de la transition n’a pas encore dévoilé ses intentions. Ce silence maintient une part de mystère, tout en alimentant les spéculations et les divisions au sein de l’opinion publique. Oligui Nguema devra trancher entre deux chemins : se retirer et devenir un symbole de transition réussie, ou briguer un mandat au risque de polariser davantage la scène politique gabonaise.

L’élection présidentielle de 2025 s’annonce comme un moment charnière pour le Gabon. Le choix qu’Oligui Nguema fera dans les prochains mois pourrait bien déterminer l’avenir démocratique du pays et sa capacité à tourner la page de décennies d’instabilité politique.

Times Infos 

Par Amir Baron. 

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