Le 12 avril 2025, le Gabon s’apprête à vivre un tournant historique : l’élection présidentielle qui scellera la fin de la Transition militaire et ouvrira une nouvelle page politique. Mais cette promesse de retour à l’ordre constitutionnel sera-t-elle tenue jusqu’au bout ?
Un compte à rebours irréversible
Depuis le 30 août 2023, date du renversement du régime d’Ali Bongo Ondimba par un coup d’État militaire, le Gabon est dirigé par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), avec à sa tête le Général Brice Clotaire Oligui Nguema. Près de deux ans plus tard, l’échéance tant attendue approche : l’élection présidentielle du 12 avril, censée marquer le retour à l’ordre constitutionnel et la fin d’un chapitre transitoire.
Si la campagne électorale bat son plein depuis le 29 mars, l’enjeu dépasse largement les promesses de campagne. Il s’agit pour les Gabonais de reprendre en main leur avenir démocratique. Le scrutin du 12 avril représente donc plus qu’un simple vote : c’est un test de maturité politique, une épreuve de vérité pour les institutions, les citoyens et surtout, pour les militaires au pouvoir.
Brice Oligui Nguema, le président de la Transition devenu candidat
Plébiscité par une partie de la population pour son action à la tête de la Transition — lutte contre la corruption, réforme de l’administration, relance de certains secteurs clés — le Général Oligui Nguema a répondu favorablement aux appels à se porter candidat. Officiellement en lice, il affronte sept autres candidats déterminés à proposer une alternative à son leadership.
Pour ses partisans, Oligui Nguema incarne la continuité d’un « redressement national » amorcé durant la Transition. Pour ses détracteurs, sa candidature pose la question de l’équité démocratique : peut-on être à la fois arbitre et joueur dans un processus censé restaurer la démocratie ? Ce dilemme jette une ombre sur la sincérité du scrutin et suscite des interrogations sur l’avenir du rôle des militaires dans la sphère politique gabonaise.
La Transition, entre espoir de renouveau et soupçons de confiscation du pouvoir
Il faut le reconnaître : la Transition gabonaise a eu ses mérites. Elle a permis d’apaiser un climat politique tendu, de relancer certains chantiers publics en panne et d’assainir partiellement les finances publiques. Cependant, la présence prolongée des militaires au pouvoir nourrit une méfiance croissante, aussi bien au sein de l’opinion publique que parmi les observateurs internationaux.
La tentation du pouvoir, dans l’histoire de nombreux pays africains, a souvent conduit les transitions à se prolonger indéfiniment ou à se muer en nouveaux régimes autoritaires déguisés. Le Gabon doit éviter ce piège. Le succès de cette Transition dépendra de la capacité des forces armées à céder le pouvoir au civil, dans le respect des résultats des urnes.
Et après le 12 avril ?
Quel que soit le vainqueur du scrutin, une chose est certaine : à partir du 13 avril 2025, la Transition militaire sera censée appartenir au passé. Le Gabon entrera alors dans une nouvelle phase où la légitimité démocratique devra reprendre ses droits. La question fondamentale reste : les militaires joueront-ils le jeu démocratique jusqu’au bout, même si cela signifie retourner dans les casernes et abandonner le pouvoir ?
Le monde, l’Afrique, et surtout le peuple gabonais attendent des réponses. Car au-delà du scrutin, c’est la sincérité de l’engagement démocratique qui sera jugée. Une chose est sûre : l’Histoire ne retiendra pas seulement le nom du vainqueur de l’élection, mais celui de ceux qui auront su respecter la volonté populaire.
Times Infos
Par Amir Baron.