Gabon : Liberté d’expression en péril ? Les arrestations arbitraires jettent un froid sur la transition

Depuis la prise de pouvoir par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), de nombreux Gabonais espéraient une ère nouvelle, marquée par une gouvernance plus transparente et respectueuse des droits fondamentaux. Pourtant, à l’instar du régime précédent, des restrictions inquiétantes sur les libertés d’expression et d’opinion continuent d’être observées. Ces derniers mois, plusieurs citoyens et activistes ont été arrêtés pour avoir exprimé des opinions critiques, soulevant une vive indignation au sein de la population.

Officiellement, la transition s’inscrit dans un cadre démocratique, garantissant les libertés fondamentales inscrites dans la Constitution gabonaise. Toutefois, la réalité sur le terrain semble en décalage avec ces principes, laissant place à une forme d’autoritarisme judiciaire qui suscite de vives préoccupations.

Des arrestations arbitraires en contradiction avec les engagements de la transition

La transition avait promis une justice équitable et le respect des libertés individuelles, mais les faits récents montrent un scénario contraire. Plusieurs citoyens ont été interpellés pour avoir dénoncé des réalités du pays, notamment les coupures intempestives d’électricité ou la gestion opaque de certains dossiers. Un climat de peur s’installe, où la moindre critique peut être interprétée comme un affront au pouvoir en place.

Un citoyen, sous couvert d’anonymat, s’indigne :

« Nous connaissons les réalités du pays. Par exemple, les coupures d’électricité sont un problème majeur qui mérite d’être dénoncé. Si des citoyens s’expriment à ce sujet, ils ne devraient pas être arrêtés, mais écoutés. Procéder à des incarcérations pour de simples critiques est une preuve de faiblesse et de manque de transparence. »

Ces dérives autoritaires du système judiciaire interrogent sur l’engagement réel des autorités à garantir un climat démocratique. Si la transition s’éloigne des principes de justice et de liberté d’expression, comment espérer un avenir véritablement démocratique pour le Gabon ?

Société civile et médias : un rôle crucial mais sous pression

Face à cette situation, la société civile et les médias indépendants tentent de jouer leur rôle de contre-pouvoir, mais non sans difficultés. Plusieurs journalistes font face à des intimidations, et certains médias subissent des pressions pour limiter leur couverture des sujets sensibles. Pourtant, leur mission est essentielle pour garantir un débat public libre et éclairé.

Les associations de défense des droits de l’homme, quant à elles, dénoncent ces arrestations et appellent à un respect strict des engagements pris par le CTRI. Elles rappellent que la liberté d’expression est un pilier fondamental de toute société démocratique et que la transition ne pourra être crédible que si elle garantit un espace de dialogue ouvert.

Vers une dérive autoritaire ou un sursaut démocratique ?

Le Gabon se trouve aujourd’hui à un tournant crucial. La transition doit faire un choix : maintenir un cadre répressif qui risque de délégitimer son action ou prouver qu’elle incarne réellement le changement en garantissant les libertés fondamentales.

Les arrestations arbitraires ne peuvent être la réponse aux critiques. Une gouvernance forte se mesure à sa capacité à écouter son peuple, à accepter la contradiction et à bâtir un État où chacun peut s’exprimer sans crainte. Si le régime en place souhaite véritablement restaurer la confiance des Gabonais, il doit urgemment rectifier le tir et s’engager résolument dans la voie du respect des droits et libertés.

Le silence de la population face à ces dérives serait une acceptation tacite d’un recul démocratique. Mais une mobilisation citoyenne, associée à un engagement ferme des médias et des organisations de la société civile, pourrait encore inverser la tendance. L’histoire du Gabon en transition est encore en train de s’écrire : restera-t-elle celle d’un espoir déçu ou d’un renouveau démocratique réel ?

Times Infos 

Par Nancy Nguema.

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