Gabon : Oligui Nguema confie les rênes du gouvernement à Barro Chambrier

Libreville, mai 2025 Le paysage politique gabonais entre dans une ère inédite. À la suite de l’adoption de la nouvelle Constitution, le président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, a pris une décision historique en nommant l’opposant Alexandre Barro Chambrier vice-président de la République, chargé de diriger le gouvernement. Cette nomination fait suite à la suppression du poste de Premier ministre, marquant un profond changement institutionnel dans le fonctionnement de l’exécutif gabonais.

Un tournant institutionnel majeur

L’adoption de la nouvelle Constitution a redéfini les équilibres du pouvoir au sommet de l’État. Le poste de Premier ministre, jusque-là clé de voûte de l’action gouvernementale, a été aboli. Il est désormais remplacé par un vice-président unique, nommé par le chef de l’État et chargé de la coordination de l’action gouvernementale. Cette transformation vise à simplifier la chaîne de commandement exécutive et à donner une efficacité nouvelle à la conduite de l’État durant la période de transition.

Barro Chambrier, symbole de l’ouverture politique

La désignation d’Alexandre Barro Chambrier à ce poste stratégique est lourde de sens. Ancien ministre sous Omar Bongo, puis farouche opposant au régime d’Ali Bongo à travers son parti, le Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM), il incarne une figure de l’alternance démocratique au Gabon. Son ralliement à la Transition témoigne d’une volonté de dépasser les clivages traditionnels pour répondre aux aspirations profondes des Gabonais : justice, développement, et refondation des institutions.

Une cohabitation inédite dans l’histoire politique du pays

Pour la première fois, le gouvernement sera dirigé par une personnalité extérieure aux sphères militaires ou aux cercles directs de l’ancien pouvoir. Cette cohabitation entre un président issu d’un coup de force militaire et un vice-président issu de l’opposition électorale constitue un laboratoire politique unique. L’efficacité de ce tandem dépendra de leur capacité à bâtir une vision commune, à poser les bases d’un État moderne, et à organiser des élections libres et transparentes à l’issue de la Transition.

Des attentes fortes pour un peuple en quête de renouveau

Sur le terrain, les attentes sont immenses. Les populations espèrent des mesures concrètes : amélioration des services de santé, réforme du système éducatif, lutte contre le chômage des jeunes, et assainissement de la gestion publique. Le choix de Barro Chambrier pourrait favoriser une meilleure adhésion des forces vives à la Transition, à condition que des actes forts et rapides suivent les annonces politiques.

Vers un nouveau contrat social ?

Cette configuration inédite pourrait ouvrir la voie à un nouveau contrat social gabonais. En réunissant autour de l’État les forces opposées d’hier, Oligui Nguema et Barro Chambrier ont l’occasion de restaurer la confiance dans les institutions et d’ancrer le pays dans une trajectoire de réconciliation nationale durable. Le Gabon joue peut-être ici sa dernière carte pour une Transition apaisée, crédible et porteuse d’avenir.

Times Infos 

Par Amir Baron.

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