Gabon : Oligui Nguema peut-il rétablir la confiance électorale en révisant le fichier ?

Le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a réitéré, lors de son discours du 4 décembre 2024, l’engagement de son administration à garantir la transparence des élections à venir en 2025. Une révision profonde du code électoral gabonais et une remise à plat du fichier électoral sont au cœur des priorités. Ces réformes ambitieuses, bien que nécessaires, posent la question de leur faisabilité dans un laps de temps aussi réduit.

Un fichier électoral gangrené par des anomalies structurelles

Depuis plusieurs cycles électoraux, le fichier électoral gabonais est entaché de nombreuses incohérences qui ont affaibli la confiance des citoyens dans les institutions électorales. Parmi les anomalies relevées, on note la présence de noms de personnes décédées sur les listes, une situation qui révèle l’absence de mécanismes efficaces de mise à jour. Par ailleurs, des électeurs inscrits découvrent fréquemment que leurs noms ne figurent pas sur les listes lors des consultations publiques, malgré la possession d’un Numéro d’Identification Personnel (NIP).

Une autre problématique majeure est la mauvaise gestion des cartes d’électeurs : des citoyens éligibles ne reçoivent pas leurs cartes, ce qui les empêche de voter. Ces dysfonctionnements, ajoutés à l’exclusion de nombreux jeunes ayant récemment atteint l’âge de la majorité, aggravent une situation déjà fragile.

La nécessité d’une réforme profonde et transparente

La mise à plat du fichier électoral nécessite une approche globale et rigoureuse. Une des premières étapes serait la réalisation d’un audit indépendant, mené par des experts nationaux et internationaux, pour identifier précisément les irrégularités et proposer des solutions adaptées. Une option envisagée pourrait être une réinscription généralisée des électeurs, une méthode qui, bien que lourde administrativement, garantirait un nettoyage intégral des bases de données.

En outre, l’intégration des technologies modernes, telles que les systèmes biométriques, pourrait considérablement réduire les erreurs humaines et automatiser les mises à jour. Cependant, cette solution nécessiterait des investissements importants et un délai d’implémentation qui pourrait dépasser l’échéance d’août 2025.

Une gouvernance sous pression et un calendrier serré

Brice Oligui Nguema se trouve dans une position délicate. Les élections prévues pour 2025, particulièrement les présidentielles, sont perçues comme un test majeur pour sa gouvernance et la crédibilité de la transition. Cependant, le temps presse. La révision du code électoral, l’assainissement du fichier électoral et l’organisation logistique des scrutins doivent être menés de front, ce qui représente un défi colossal.

Malgré cela, la volonté affichée par Oligui Nguema de renforcer la transparence électorale est un signe encourageant. Il s’est engagé à travailler avec les instances nationales et internationales pour s’assurer que ces réformes soient menées à bien dans les délais impartis. Mais le succès de cette opération dépendra également de l’implication des citoyens, appelés à vérifier et corriger leurs informations personnelles dans le fichier électoral.

Un test pour la démocratie gabonaise

Au-delà des aspects techniques, cette révision représente un enjeu symbolique. Réussir à mettre à plat le fichier électoral et à rétablir un processus crédible serait un signal fort envoyé aux Gabonais et à la communauté internationale. Cela permettrait de tourner la page des pratiques opaques qui ont marqué les précédents scrutins et de jeter les bases d’une démocratie plus solide et inclusive.

Cependant, l’échec de cette entreprise pourrait exacerber la méfiance populaire et compromettre la stabilité politique du pays. Pour Oligui Nguema, il s’agit donc d’un moment décisif : réussir ces réformes pourrait redéfinir son mandat de transition et inscrire son nom comme un acteur clé dans l’histoire politique du Gabon. L’avenir de la démocratie gabonaise repose, en grande partie, sur la manière dont ces réformes seront menées et perçues par les citoyens.

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Par Amir Baron.

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