Gabon : Un tournant stratégique dans la gestion du domaine portuaire – Analyse du protocole d’accord entre l’OPRAG et l’ANUTTC

Le 12 février 2025, un protocole d’accord déterminant a été signé entre l’Office des Ports et Rades du Gabon (OPRAG) et l’Agence Nationale de l’Urbanisme, des Travaux Topographiques et du Cadastre (ANUTTC). Cet accord, conclu au siège de l’OPRAG à Owendo, vise à mettre fin aux occupations irrégulières du domaine portuaire tout en garantissant une exploitation plus efficace et conforme aux exigences réglementaires. Cette initiative, en ligne avec les directives du Président de la Transition, le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, constitue une avancée majeure dans l’assainissement et la structuration du littoral gabonais.

Un cadre légal pour une zone stratégique en mutation

Le domaine portuaire du Gabon, en particulier dans la province de l’Ogooué-Maritime et la commune d’Owendo, a longtemps été confronté à des occupations anarchiques et une gestion foncière peu structurée. L’accord signé entre l’OPRAG et l’ANUTTC répond à cette problématique en instaurant une gestion coordonnée et réglementée. La zone concernée, allant de la baie du Cap Lopez à la Marina SOGARA, revêt une importance économique cruciale, notamment pour le transport maritime et les activités industrielles qui s’y développent.

En déléguant la gestion et l’exploitation foncière de cette zone à l’ANUTTC, l’OPRAG fait un pas vers une meilleure organisation du foncier portuaire. Cette délégation permettra non seulement de clarifier le statut des terrains occupés, mais aussi de garantir une répartition équitable des recettes générées entre les deux administrations. Un modèle de gouvernance partagée qui pourrait inspirer d’autres réformes dans la gestion des infrastructures stratégiques du pays.

Régularisation foncière à Owendo : vers une inclusion sociale et économique

Un autre volet essentiel de cet accord concerne la régularisation foncière des zones portuaires occupées à Owendo, notamment dans les quartiers « Port en Haut » et « Alénakiri ». Ces secteurs, caractérisés par une urbanisation rapide et désordonnée, souffrent d’un déficit en infrastructures et en services de base. La volonté affichée par les autorités est de transformer ces zones en espaces de vie mieux structurés, offrant aux habitants la possibilité d’accéder à la propriété foncière de manière légale.

Ce processus de régularisation répond à un double enjeu : sécuriser le cadre de vie des populations et mettre fin à une occupation illégale qui entrave le développement harmonieux du domaine portuaire. À terme, les résidents pourront bénéficier de titres fonciers officiels, leur garantissant une stabilité juridique et une valorisation de leur patrimoine immobilier. Cependant, pour que cette ambition soit pleinement réalisée, l’État devra veiller à ce que la régularisation ne se fasse pas au détriment des populations vulnérables, en mettant en place des mécanismes d’accompagnement adaptés.

Quels défis pour une mise en œuvre efficace ?

Si cet accord marque une avancée significative, plusieurs défis subsistent quant à son application effective. Le premier concerne la gestion des résistances locales. Toute réforme touchant à la propriété foncière suscite des tensions, notamment auprès des occupants illégaux qui pourraient voir leurs intérêts menacés. Il sera donc crucial que l’OPRAG et l’ANUTTC engagent un dialogue constructif avec les populations concernées afin d’assurer une transition en douceur.

Le second défi porte sur la transparence du processus de régularisation. L’accès au titre foncier étant un enjeu de justice sociale, il sera fondamental que les procédures administratives soient claires et accessibles à tous, sans favoritisme ni corruption. La mise en place d’un mécanisme de suivi et de contrôle indépendant pourrait renforcer la crédibilité du projet.

Enfin, la question du financement reste centrale. Si l’accord prévoit une répartition des recettes entre l’OPRAG et l’ANUTTC, il faudra s’assurer que ces fonds soient utilisés de manière efficiente pour développer les infrastructures nécessaires à l’amélioration du cadre de vie des habitants. La mobilisation de partenaires financiers, qu’ils soient publics ou privés, pourrait être une solution pour garantir la pérennité des actions entreprises.

Un tournant décisif pour l’avenir du foncier portuaire au Gabon

L’accord signé entre l’OPRAG et l’ANUTTC est une initiative louable qui témoigne d’une volonté de moderniser la gestion foncière du domaine portuaire gabonais. En instaurant un cadre réglementaire clair et en favorisant la régularisation foncière, ce partenariat ouvre la voie à une meilleure structuration des zones portuaires, à la fois sur le plan économique et social.

Toutefois, le succès de cette réforme dépendra largement de la manière dont elle sera mise en œuvre sur le terrain. La concertation avec les populations, la transparence dans la régularisation et l’utilisation optimale des fonds seront des éléments clés pour garantir un impact positif durable. Si ces conditions sont réunies, ce protocole d’accord pourrait bien être un modèle pour d’autres initiatives de restructuration urbaine et portuaire en Afrique centrale.

Times Infos 

Par Amir Baron.

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