Gabon : une présidentielle sous tension, entre incertitudes et ambitions politiques

À quelques semaines de l’élection présidentielle du 12 avril 2025, le paysage politique gabonais se recompose dans une atmosphère de forte attente. Alors que plusieurs candidats ont déjà officialisé leur participation, un silence stratégique entoure toujours la possible candidature du général Brice Clotaire Oligui Nguema. Face aux appels incessants de divers partis politiques, associations et figures de la société civile, l’actuel président de la transition entretient un suspense qui alimente toutes les spéculations.

Une transition sous haute surveillance

Depuis le 30 août 2023, date du coup d’État qui a mis fin au régime d’Ali Bongo Ondimba, le Gabon est dirigé par un gouvernement de transition placé sous la houlette du général Oligui Nguema. Si cette période transitoire devait initialement mener à des réformes institutionnelles et à la tenue d’élections transparentes, la question de la candidature du chef de l’État divise l’opinion. D’un côté, ses partisans estiment qu’il représente la meilleure option pour garantir la stabilité du pays. De l’autre, une frange de la population et de l’opposition craint un retour aux dynamiques autoritaires sous couvert de légitimité électorale.

L’adoption d’un nouveau code électoral, permettant désormais aux militaires d’être candidats aux élections, a été perçue par certains observateurs comme un premier signal en faveur d’une candidature du président de la transition. Cependant, le principal intéressé n’a toujours pas officiellement fait connaître sa position, laissant planer le doute sur ses intentions réelles.

Une opposition fragmentée mais déterminée

Pendant ce temps, l’opposition s’organise tant bien que mal. À ce jour, au moins cinq candidatures ont été déclarées, allant de figures politiques bien connues à des personnalités du monde des affaires. Si certaines sont perçues comme de simples candidatures symboliques, d’autres pourraient représenter un véritable défi pour le régime en place, notamment si des coalitions venaient à se former.

Mais l’opposition gabonaise souffre d’un mal récurrent : la dispersion de ses forces. Les tentatives de regroupement en une candidature unique restent timides, et les divergences idéologiques ou stratégiques fragilisent toute tentative de front commun. Pourtant, dans un contexte où la participation d’Oligui Nguema semble de plus en plus probable, l’union des forces d’opposition pourrait être un facteur décisif dans l’issue du scrutin.

Une élection à haut risque ?

L’annonce officielle de la date de l’élection présidentielle, avec une campagne électorale prévue du 29 mars au 11 avril 2025, marque le début d’une période cruciale pour le pays. Toutefois, plusieurs interrogations subsistent quant aux conditions de transparence et d’équité du processus électoral. L’histoire politique récente du Gabon, marquée par des contestations électorales et des crises post-électorales, rappelle que la confiance dans les institutions électorales demeure fragile.

La communauté internationale, bien que relativement discrète, observe de près l’évolution de la situation. Un processus électoral contesté ou marqué par des irrégularités risquerait de replonger le pays dans une instabilité politique et sociale dont il peine à se relever.

Vers un scénario écrit d’avance ?

Dans l’attente d’une clarification des ambitions du général Oligui Nguema, la scène politique gabonaise semble avancer vers une élection dont l’issue pourrait être influencée par des dynamiques bien au-delà des simples jeux électoraux. Si le président de la transition venait à officialiser sa candidature, il bénéficierait d’une machine politique et institutionnelle déjà en place, rendant la compétition inégale face à une opposition encore en quête de cohésion.

Le Gabon est-il à l’aube d’une transition véritablement démocratique, ou assiste-t-on à une réorganisation du pouvoir sous une nouvelle façade ? À mesure que l’échéance électorale approche, cette question devient centrale dans l’avenir politique du pays. Les semaines à venir seront déterminantes pour comprendre si le scrutin du 12 avril 2025 sera une opportunité de renouveau démocratique ou la continuité d’un système en quête de légitimité.

Times Infos 

Par Amir Baron.

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