Justice en crise au Gabon : le SYNAMAG réclame la tête du ministre Gondjout

La justice gabonaise traverse une tempête. Lundi 13 janvier 2025, le Syndicat National de la Magistrature (SYNAMAG), par la voix de son président Landry Abaga Essono, a pris une décision sans précédent : exiger la démission immédiate du ministre de la Justice, Paul Marie Gondjout. Cette déclaration intervient au terme d’une assemblée générale tendue, où la patience des magistrats semble avoir atteint ses limites face à l’immobilisme du gouvernement de transition.

Un climat de méfiance qui s’intensifie

Le SYNAMAG accuse le ministre de la Justice de manquer à ses engagements et de faire preuve d’une inertie préjudiciable à la réforme de l’appareil judiciaire. Selon le syndicat, les promesses formulées par le président de la transition, notamment celles concernant une justice équitable et modernisée, ne se sont traduites par aucune mesure concrète. Cette incapacité à agir sur des dossiers cruciaux a semé le doute parmi les magistrats, qui jugent désormais que Paul Marie Gondjout est un frein à l’amélioration de la justice gabonaise.

Des revendications ignorées, une colère grandissante

Parmi les principales revendications du SYNAMAG figure la promulgation tant attendue du statut des magistrats, un texte fondamental pour garantir leur indépendance et revaloriser leur rôle dans la société. À cela s’ajoute la demande de mise en œuvre des mesures réglementaires liées à la rémunération et aux avantages des magistrats, restées lettre morte depuis plusieurs mois. Pour les magistrats, ces mesures ne relèvent pas du luxe, mais d’une nécessité pour garantir une justice de qualité et éviter des abus au sein du système judiciaire.

En dépit de multiples appels au dialogue, le ministère de la Justice est resté sourd aux propositions du syndicat. Ce silence prolongé a conduit à une radicalisation des positions, culminant avec la décision de maintenir une grève générale illimitée, déjà en vigueur depuis plusieurs semaines.

Un ministre acculé, un gouvernement sous pression

Paul Marie Gondjout se retrouve dans une position délicate. Désormais fragilisé, il est critiqué non seulement pour son manque d’initiatives, mais aussi pour son incapacité à apaiser les tensions sociales dans un contexte de transition politique. La grève des magistrats, bien que tempérée par l’instauration d’un service minimum, paralyse de nombreux services judiciaires, mettant en péril l’accès à la justice pour des milliers de Gabonais.

Au-delà des revendications syndicales, cette crise soulève une question fondamentale : le gouvernement de transition a-t-il réellement la volonté et la capacité de bâtir un système judiciaire solide et impartial ? Si cette transition était censée incarner un nouveau départ, l’incapacité à répondre aux attentes du SYNAMAG semble au contraire révéler des dysfonctionnements systémiques qui perdurent.

Un tournant pour la justice gabonaise

En maintenant la grève et en réclamant la démission du ministre, le SYNAMAG prend un pari risqué, mais audacieux. Ce bras de fer, s’il n’est pas rapidement résolu, pourrait avoir des répercussions politiques majeures, ébranlant davantage la crédibilité du gouvernement de transition.

La balle est désormais dans le camp des autorités. Le gouvernement doit non seulement prouver son engagement envers une justice véritablement équitable, mais également restaurer la confiance des magistrats, acteurs indispensables à la stabilité de l’État de droit. Le départ de Paul Marie Gondjout sera-t-il suffisant pour apaiser les tensions ? Ou s’agit-il d’un symptôme d’une crise plus profonde, qui nécessitera une refonte complète du système judiciaire ?

Une chose est certaine : le temps presse, et chaque jour de grève éloigne un peu plus la justice gabonaise des idéaux d’équité et de modernité qu’elle aspire à incarner.

Times Infos 

Par Amir Baron.

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