Ce dimanche 5 janvier 2025, l’activiste panafricaniste Kémi Séba a officiellement annoncé sa candidature à l’élection présidentielle béninoise de 2026. Dans une déclaration publique, il a affirmé avoir répondu aux appels insistants de ses partisans en ces termes : « J’ai décidé d’accepter vos demandes incessantes visant à me pousser à être candidat. » Cette annonce, qui fait déjà couler beaucoup d’encre, pose des questions cruciales sur le paysage politique du Bénin et les ambitions réelles de ce personnage controversé.
Un parcours militant devenu politique
Kémi Séba, connu pour son franc-parler et ses prises de position tranchées, s’est longtemps distingué comme une figure de proue du panafricanisme contemporain. En dénonçant les vestiges du colonialisme, tels que l’utilisation du franc CFA ou les ingérences étrangères en Afrique, il a conquis une large frange de la jeunesse africaine en quête d’émancipation. Cependant, ce même activisme, souvent qualifié d’extrémiste par ses détracteurs, a également valu à Kémi Séba des expulsions, des arrestations et une image de leader parfois imprévisible.
Sa décision de briguer la présidence béninoise marque un tournant significatif dans son parcours. En franchissant le pas vers la politique institutionnelle, Kémi Séba cherche probablement à transformer son capital militant en un pouvoir concret. Mais une question demeure : peut-il réellement s’adapter à l’arène politique, connue pour ses compromis, ses alliances et ses dynamiques complexes, souvent éloignées de l’activisme pur ?
Un programme encore flou
Bien que son discours soit solidement ancré dans des idéaux panafricanistes, Kémi Séba n’a pour l’instant pas présenté un programme détaillé. Comment compte-t-il aborder les défis économiques, sociaux et sécuritaires du Bénin, un pays confronté à une croissance économique inégale et des tensions dans le Sahel voisin ? Sa rhétorique, qui repose sur des slogans anti-impérialistes, suffira-t-elle à convaincre des électeurs en quête de solutions concrètes à des problèmes locaux ?
Le passage de l’activisme à la gouvernance nécessite bien plus que des discours. Les attentes seront élevées, notamment sur sa capacité à proposer des politiques réalistes et applicables dans un contexte mondial de plus en plus compétitif.
Un candidat qui divise
Si Kémi Séba est adulé par une partie de la jeunesse africaine pour son courage et son discours sans concession, il est également critiqué pour son manque d’expérience dans la gestion des affaires publiques. Ses adversaires politiques ne manqueront pas d’exploiter ses prises de position passées, parfois perçues comme polarisantes, pour le présenter comme un candidat dangereux ou inapte à gouverner.
De plus, le système politique béninois, dominé par des figures établies et des partis bien enracinés, pourrait poser des obstacles à son ascension. Kémi Séba devra non seulement surmonter ces barrières, mais aussi convaincre une population dont les priorités quotidiennes, comme l’accès à l’eau potable et à l’éducation, peuvent sembler éloignées de ses thèmes de campagne habituels.
Un test pour la démocratie béninoise
Au-delà de la candidature de Kémi Séba, cette élection de 2026 s’annonce comme un test pour la démocratie béninoise. Le Bénin, souvent salué comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest, a récemment été critiqué pour des dérives autoritaires, notamment des restrictions sur la liberté d’expression et la compétition électorale. La capacité de figures alternatives, comme Kémi Séba, à concourir librement sera scrutée de près, tant au niveau national qu’international.
Une candidature à double tranchant
Kémi Séba apporte indéniablement une dynamique nouvelle à la politique béninoise. Sa candidature pourrait redéfinir les termes du débat national en mettant l’accent sur des enjeux panafricains rarement abordés dans les campagnes présidentielles classiques. Cependant, son succès dépendra de sa capacité à dépasser son rôle d’activiste pour devenir un homme d’État.
Alors que l’élection de 2026 se profile, une chose est certaine : la présence de Kémi Séba dans la course risque de polariser les opinions et de redessiner le paysage politique béninois. Reste à voir si cette incursion marquera l’émergence d’un nouvel espoir pour le panafricanisme ou une simple aventure personnelle.
Times Infos
Par Amir Baron.