Niger : L’Alliance des États du Sahel en quête d’un nouvel horizon 

Niamey, 15 février 2025 – Un tournant décisif pour l’Alliance des États du Sahel (AES). Ce samedi, au Centre International de Conférences Mahatma Gandhi à Niamey, s’est ouverte une série de discussions cruciales pour l’avenir du Niger et, plus largement, de la région sahélienne. Baptisées Assises Nationales pour la Refondation, ces rencontres, qui se poursuivront jusqu’au 19 février, visent à jeter les bases d’une gouvernance rénovée et adaptée aux défis du XXIᵉ siècle.

Une refondation nécessaire pour une transition durable

Depuis leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les trois États membres de l’AES – le Mali, le Burkina Faso et le Niger – ont multiplié les initiatives pour affirmer leur souveraineté politique et économique. Ces assises s’inscrivent dans cette dynamique, en offrant une plateforme de dialogue où les forces vives de la nation peuvent débattre des orientations futures.

Le Niger, dirigé par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), veut définir un cadre de transition claire et structuré. L’objectif affiché est l’élaboration d’une Charte de la Transition, document clé qui servira de référence pour organiser les futures institutions du pays. Pour ce faire, 716 délégués, issus de divers horizons – administration, forces de défense et de sécurité, société civile, chefs traditionnels et religieux – ont été conviés à ces travaux.

Le général de brigade Abdourahamane Tiani, président du CNSP, a insisté lors de la cérémonie d’ouverture sur l’importance de « restaurer l’autorité de l’État tout en garantissant l’implication de toutes les composantes de la société ». Il a exhorté les participants à faire preuve de pragmatisme et de patriotisme, rappelant que ces assises doivent être un espace de construction et non de division.

Un processus encadré par une commission nationale

Pour garantir la rigueur et l’objectivité des débats, une commission nationale de pilotagea été instituée par décret présidentiel le 8 février dernier. Placée sous la présidence du Dr Mamoudou Harouna Djingarey, cette instance est composée d’anciens ministres, d’éminents intellectuels, de représentants de la société civile et de leaders religieux.

Son mandat est ambitieux : recueillir les contributions de toutes les parties prenantes, établir un avant-projet de la Charte de la Transition, et soumettre des recommandations concrètes au CNSP. Cette charte devra poser les jalons d’une nouvelle gouvernance fondée sur la stabilité, la transparence et la souveraineté nationale.

Dans les coulisses, plusieurs axes majeurs émergent déjà des discussions :

  • Un calendrier électoral réaliste qui permette un retour progressif à une gouvernance civile sans précipitation.
  • Une réforme institutionnelle profonde pour adapter les structures de l’État aux réalités locales.
  • Une politique sécuritaire renforcée visant à stabiliser durablement le pays face aux menaces terroristes.

L’AES, un projet régional en mutation

Au-delà du Niger, ces assises illustrent la volonté des trois États sahéliens de définir un nouveau modèle de coopération. Face aux pressions internationales et aux défis sécuritaires persistants, le Mali, le Burkina Faso et le Niger misent sur une intégration plus forte.

La création récente d’une force conjointe de 5 000 soldats témoigne de cette ambition. Cette initiative, portée par l’AES, marque une rupture avec les anciens schémas de coopération militaire et souligne la volonté des dirigeants sahéliens de prendre en main leur propre défense.

Dans cette optique, ces assises pourraient également aboutir à une harmonisation des politiques économiques et diplomatiques entre les trois pays, afin de créer un bloc plus résilient face aux crises.

Un rendez-vous historique pour le Sahel

Alors que les discussions battent leur plein, une question demeure : ces assises aboutiront-elles à des résolutions concrètes ou resteront-elles un simple exercice de communication politique ? L’attente est forte, tant au Niger qu’au sein de l’ensemble de la région sahélienne.

Les conclusions de ces travaux seront scrutées de près par les partenaires régionaux et internationaux, mais surtout par les populations concernées, qui espèrent que ces assises marqueront le début d’un renouveau institutionnel et politiquepour l’AES.

En attendant le 19 février, une seule certitude s’impose : le Sahel est à un tournant historique, et son avenir dépendra des décisions prises dans les jours à venir.

Times Infos 

Par Mbak Ndèye.

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