Le 14 mars 2025, la Chine accueillera une réunion tripartite avec la Russie et l’Iran sur le dossier du nucléaire iranien. Ce sommet, qui se tiendra à Pékin, marque une nouvelle étape dans l’alignement stratégique de ces trois puissances face à l’Occident. Derrière les négociations officielles, cette rencontre symbolise un basculement des rapports de force internationaux, avec des implications majeures pour l’avenir de la prolifération nucléaire et des tensions mondiales.
Un accord de 2015 morcelé et une coalition alternative
Le Plan d’action global conjoint (JCPOA), signé en 2015 entre l’Iran et les grandes puissances, visait à limiter les capacités nucléaires de Téhéran en échange d’une levée progressive des sanctions. Toutefois, son avenir a été compromis dès 2018 lorsque les États-Unis se sont retirés unilatéralement sous la présidence de Donald Trump, rétablissant des sanctions sévères contre l’Iran. Depuis, Téhéran a progressivement relancé son programme nucléaire, enrichissant l’uranium à des niveaux inquiétants.
Face à l’impasse diplomatique entre l’Iran et les puissances occidentales (États-Unis, France, Royaume-Uni, Allemagne), Pékin et Moscou ont multiplié les signes de soutien à Téhéran. En accueillant cette réunion, la Chine se positionne non seulement comme médiatrice, mais aussi comme l’un des pivots d’une coalition visant à redessiner les règles du jeu international.
Une alliance géopolitique aux ambitions affichées
La Chine, la Russie et l’Iran partagent un objectif commun : réduire l’influence occidentale sur les affaires mondiales. Cette réunion s’inscrit dans une dynamique plus large où ces trois pays se rapprochent économiquement, diplomatiquement et militairement.
- Pékin : Principal partenaire économique de l’Iran, la Chine achète la majorité de son pétrole malgré les sanctions américaines et investit dans des infrastructures stratégiques en Iran dans le cadre de son projet des Nouvelles Routes de la Soie.
- Moscou : Alliée militaire de l’Iran en Syrie, la Russie lui fournit des technologies avancées et des armes, tout en profitant du soutien iranien dans ses tensions avec l’Occident.
- Téhéran : En quête d’appuis face aux sanctions, l’Iran mise sur cette alliance pour échapper à l’isolement imposé par Washington et poursuivre ses ambitions régionales.
Cette réunion tripartite pourrait aboutir à des annonces significatives, notamment sur de nouvelles coopérations en matière de nucléaire civil et militaire. Le risque majeur pour les Occidentaux est de voir émerger un axe capable de contourner les sanctions et d’affaiblir les mécanismes de pression internationale sur l’Iran.
Vers un contournement des normes internationales ?
La communauté internationale, et notamment l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), surveille de près cette réunion. L’inquiétude principale réside dans la possibilité que Pékin et Moscou offrent à Téhéran des alternatives économiques et technologiques lui permettant de renforcer son programme nucléaire sans passer par les contrôles occidentaux.
Par ailleurs, cette coopération tripartite pose une question centrale : la Chine et la Russie sont-elles prêtes à soutenir un Iran nucléarisé, ou cherchent-elles simplement à utiliser ce dossier comme un levier stratégique contre l’Occident ? Les réponses à cette question détermineront l’évolution des tensions régionales et mondiales dans les années à venir.
Un nouvel ordre mondial en gestation ?
Plus qu’une simple réunion diplomatique, cette rencontre sino-russo-iranienne illustre la mutation de l’ordre international. Elle marque la montée en puissance d’un bloc alternatif, capable de défier les normes établies par les États-Unis et leurs alliés. Si cette dynamique se poursuit, elle pourrait aboutir à une refonte des relations internationales, où les mécanismes traditionnels de contrôle (sanctions, traités, pressions diplomatiques) perdraient progressivement de leur efficacité.
En somme, la réunion du 14 mars à Pékin ne se limitera pas à des discussions techniques sur le nucléaire. Elle sera un indicateur clé des ambitions stratégiques de la Chine, de la Russie et de l’Iran, et pourrait redéfinir les équilibres de puissance pour les décennies à venir.
Times Infos
Par David Barne.