OIF-HAC : Un partenariat au service d’une Transition médiatique équitable au Gabon ?

Alors que le Gabon s’apprête à organiser une élection présidentielle sous le prisme d’une transition politique délicate, une mission de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) séjourne à Libreville pour évaluer les besoins de la Haute Autorité de la Communication (HAC). Conduite par Bertrand Levant, représentant de la Direction des affaires politiques et de la gouvernance démocratique de l’OIF, cette mission s’inscrit dans une volonté affichée d’accompagner la HAC dans son rôle de régulateur du paysage médiatique. Mais au-delà des intentions affichées, cette coopération est-elle véritablement à la hauteur des enjeux démocratiques actuels du Gabon ?

Un contexte transitionnel sous haute surveillance

L’entretien du 13 février 2025 entre la mission de l’OIF et le président de la HAC, Germain Ngoyo Moussavou, intervient dans un moment clé de l’histoire politique gabonaise. La transition en cours, marquée par la fin d’un régime controversé et la préparation d’une nouvelle ère institutionnelle, place les médias au cœur des préoccupations démocratiques. Le rôle de la HAC est crucial : garantir un accès équitable aux médias pour tous les candidats, prévenir les dérives partisanes et s’assurer que la liberté d’expression ne soit pas un vain mot.

Toutefois, l’histoire récente du Gabon a souvent montré une HAC perçue comme un organe plus répressif que protecteur des libertés. La question se pose alors : la coopération avec l’OIF apportera-t-elle un réel changement dans la régulation des médias ou ne fera-t-elle que légitimer un statu quo où l’arbitrage médiatique demeure sujet à des influences politiques ?

Les enjeux d’un accompagnement effectif

L’OIF, en tant qu’organisation internationale engagée pour la promotion de la démocratie et des droits fondamentaux, a ici une occasion déterminante de peser sur l’avenir du pluralisme médiatique gabonais. L’évaluation des besoins de la HAC ne doit pas se limiter à des recommandations techniques, mais bien à une refonte des pratiques en matière de régulation.

Les axes prioritaires devraient inclure :

  • L’indépendance réelle de la HAC, afin qu’elle ne soit pas perçue comme un instrument de censure au service du pouvoir en place.
  • La formation des journalistes et des organes de presse pour éviter la propagation de la désinformation et garantir un traitement équitable de l’actualité politique.
  • Un cadre juridique modernisé, limitant l’ingérence étatique dans le secteur médiatique et renforçant les garanties de liberté d’expression.

Sans ces mesures concrètes, la coopération OIF-HAC risque de demeurer un simple exercice diplomatique, sans impact réel sur le terrain.

Un test pour la crédibilité des institutions

Alors que l’élection présidentielle approche à grands pas, le fonctionnement de la HAC sera scruté de près, tant par les acteurs politiques que par la société civile et la communauté internationale. Une gestion partiale de l’espace médiatique pourrait fragiliser la transition démocratique et raviver les tensions politiques. À l’inverse, un engagement transparent et équilibré de la HAC, soutenu par des mécanismes de suivi rigoureux de l’OIF, pourrait marquer une avancée significative pour la liberté de la presse au Gabon.

Loin d’être anodine, la mission de l’OIF pose donc une question fondamentale : assiste-t-on à une véritable transformation du paysage médiatique gabonais, ou à une opération de façade visant à donner un vernis démocratique au processus en cours ? Seul l’avenir nous dira si cette coopération débouchera sur des changements structurels ou si elle restera un simple symbole de bonnes intentions sans effets concrets.

Times Infos 

Par Amir Baron.

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