Présidentielle 2025 au Gabon : Bruno Ben Moubamba, une candidature sous tension

Le paysage politique gabonais est en ébullition depuis l’annonce de la candidature de Bruno Ben Moubamba à l’élection présidentielle du 12 avril 2025. Ancien Vice-Premier ministre et figure controversée de la scène politique nationale, il entend défier le régime en place malgré des obstacles juridiques et institutionnels majeurs. Cette candidature soulève une question centrale : Moubamba est-il éligible au regard du nouveau cadre constitutionnel mis en place après le coup d’État du 30 août 2023 ?

Une déclaration tonitruante sur fond de dénonciation internationale

Le 26 février 2025, Ben Moubamba a frappé fort en adressant une lettre ouverte à plusieurs chefs d’État influents, dont Donald Trump, Emmanuel Macron, Vladimir Poutine, Xi Jinping et Alassane Ouattara. Dans cette missive, il dénonce une « constitution inique » qui chercherait à l’exclure de la course présidentielle sous prétexte qu’il ne remplirait pas les critères de résidence. Selon lui, cette manœuvre s’apparente à une tentative de verrouillage politique qui menace la stabilité du pays.

Faisant un parallèle audacieux avec la crise ivoirienne des années 2000, il estime que cette exclusion forcée pourrait plonger le Gabon dans une spirale de tensions politiques. « Ce projet dangereux pour la stabilité de l’État gabonais rappelle la politique d’ivoirisation qui a plongé la Côte d’Ivoire dans un chaos apocalyptique. Il n’est pas acceptable et ne sera pas accepté », affirme-t-il dans sa lettre. Une prise de position qui traduit la volonté de l’homme politique de s’imposer comme un opposant radical au régime actuel.

Un cadre légal qui pourrait compromettre sa candidature

Le principal obstacle à la candidature de Bruno Ben Moubamba réside dans les nouvelles dispositions constitutionnelles issues du référendum de 2024. Parmi les critères d’éligibilité désormais exigés, figure l’obligation d’avoir résidé au Gabon pendant au moins trois années consécutives avant le scrutin. Or, Moubamba, exilé pendant une longue période, pourrait avoir du mal à satisfaire cette condition.

Ce point soulève une question cruciale : la candidature de Moubamba est-elle une véritable alternative politique ou une provocation stratégique destinée à dénoncer un système qu’il juge injuste ? Son parcours politique tumultueux, marqué par des prises de position parfois changeantes, laisse planer le doute sur la finalité réelle de cette annonce.

Un combat politique ou une manœuvre de visibilité ?

Moubamba n’en est pas à son premier coup d’éclat. Déjà candidat aux élections présidentielles de 2009 et 2016, il s’était imposé comme une voix dissidente, mais n’avait jamais réussi à rassembler un électorat suffisant pour menacer le pouvoir en place. Son retour sur le devant de la scène semble s’inscrire dans une stratégie médiatique visant à attirer l’attention nationale et internationale sur la situation politique du Gabon.

En annonçant sa candidature sur Facebook, X et TikTok, il mise sur une mobilisation digitale pour contourner les circuits traditionnels du pouvoir. Toutefois, cette approche suffira-t-elle à le rendre crédible aux yeux d’un électorat en quête de renouveau ?

L’incertitude demeure

L’avenir de la candidature de Bruno Ben Moubamba dépendra désormais des instances électorales gabonaises, qui devront trancher sur son éligibilité dans les prochains jours. S’il venait à être disqualifié, il ne fait aucun doute qu’il exploitera cette décision pour renforcer son discours sur la nature « verrouillée » du système politique actuel.

En attendant, une chose est sûre : cette élection présidentielle s’annonce comme l’une des plus disputées et scrutées de l’histoire récente du Gabon. Entre jeux d’influence, batailles juridiques et stratégies de communication, la route vers le 12 avril 2025 s’annonce mouvementée.

Times Infos 

Par Nancy Nguema.

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