Rassemblement des Bâtisseurs : autopsie d’un scandale financier à la veille de la présidentielle

À quelques jours de l’élection présidentielle prévue le 12 avril, le Rassemblement des Bâtisseurs (RdB), l’une des principales plateformes associatives de soutien au président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, est secoué par une violente crise interne. À la clé : détournements présumés, menaces, bras de fer politique, et guerre d’influence autour des fonds destinés aux coordinations.

Une trésorerie dans la tourmente

Alors que la campagne électorale lancée depuis le 29 mars entre dans sa dernière ligne droite — jusqu’au 11 avril à minuit — le timing de ce scandale n’aurait pu être plus explosif. Au cœur de la tourmente : le coordinateur général du RdB, Me Ange Nzigou, accusé par plusieurs membres du mouvement d’une gestion opaque des ressources financières. Les fonds destinés aux coordinations régionales, notamment à Lambaréné dans le Moyen-Ogooué, auraient été monopolisés, sans justificatifs, ni transparence.

Face à ces soupçons persistants, la trésorière générale Dame Aleysia NGYNGONE a été officiellement mandatée par les plus hautes instances du RdB pour effectuer un retrait à la BGFI Bank, afin de réorienter les ressources vers leur destination initiale : les coordinations territoriales du mouvement.

Sabotage et pressions : la tentative de putsch financier

Mais à son arrivée à la banque, la scène vire à l’absurde : des collaborateurs de Nzigou, informés à l’avance, l’attendaient pour intercepter les fonds. Pris entre deux feux, le gestionnaire bancaire décide alors de geler la transaction dans l’attente de clarifications, révélant ainsi l’ampleur du conflit interne.

S’ensuit un épisode surréaliste : Ange Nzigou contacte directement Dame Aleysia, exigeant qu’elle cède les fonds à ses émissaires, sous peine de représailles. Face au refus catégorique de la trésorière, le coordinateur général riposte par une note de service la révoquant immédiatement de ses fonctions et ordonnant la confiscation de son véhicule de campagne. Une manœuvre brutale et un aveu de panique.

La victoire d’Aleysia Ngyngone, la défaite d’un système

Mais contre toute attente, le coup de force échoue. Le lundi 7 avril, les plus hautes instances du RdB réaffirment leur soutien à Dame Aleysia, la confirment dans sa mission, et valident le retrait des fonds. Elle prend aussitôt la route du Moyen-Ogooué, aux côtés de sa délégation, avec les fonds initialement destinés aux coordinations — et qu’Ange Nzigou revendiquait de façon insistante.

C’est donc une victoire décisive pour celle qui aura su incarner l’intégrité face à la pression, et une débâcle politique pour un coordinateur général désormais fragilisé.

Un mouvement qui s’effondre sous ses contradictions

Cette crise à ciel ouvert expose les failles profondes du RdB. Au lieu d’incarner la rigueur, la solidarité et l’unité autour du projet présidentiel, le mouvement se transforme en champ de bataille où les ambitions personnelles éclipsent la mission collective. Et tout cela, à quelques heures d’un scrutin capital pour l’avenir du pays.

Comment mobiliser une base électorale dans un tel climat de division ? Comment garantir une campagne crédible quand le moteur logistique et financier du mouvement est paralysé par des querelles internes ?

Une alerte sérieuse pour la Transition

À l’heure où le Gabon tente de tourner la page des années d’instabilité, ce scandale au sommet du RdB sonne comme un avertissement. L’élection présidentielle du 12 avril devait être un moment de rassemblement, elle risque désormais d’être éclaboussée par les dérives d’un mouvement censé incarner l’élan nouveau.

Si cette affaire ne trouve pas rapidement une issue claire et des sanctions exemplaires, c’est la crédibilité même de tout l’édifice institutionnel post-transition qui pourrait vaciller.

Times Infos 

Par Nancy Nguema 

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