RDC-Rwanda : Tshisekedi et Kagame scellent un cessez-le-feu à Doha, un espoir fragile pour la paix à l’Est

Doha, 18 mars 2025 – Après des mois de tensions croissantes et de combats meurtriers dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame ont annoncé un cessez-le-feu immédiat lors d’une rencontre inopinée au Qatar. Cette décision, prise sous l’égide de l’émir Tamim ben Hamad Al-Thani, suscite à la fois espoir et scepticisme dans une région marquée par des décennies de conflits.

Une rencontre surprise sous médiation qatarienne

Alors que la communauté internationale peinait à instaurer un dialogue direct entre Kinshasa et Kigali, c’est finalement à Doha que les deux chefs d’État ont accepté de se rencontrer. Cette initiative, orchestrée par le Qatar, intervient dans un contexte où les affrontements entre l’armée congolaise (FARDC) et le groupe armé M23, soutenu par Kigali selon plusieurs rapports onusiens, ont exacerbé les tensions régionales.

Selon des sources diplomatiques, la réunion s’est tenue à huis clos, avec pour objectif principal d’obtenir un engagement immédiat à l’arrêt des hostilités. « La RDC et le Rwanda conviennent de respecter un cessez-le-feu inconditionnel dans l’est de la RDC, en conformité avec les accords de Dar es-Salaam du 8 février dernier », a déclaré la porte-parole de la présidence congolaise, Tina Salama.

Une paix sous haute tension

L’annonce du cessez-le-feu intervient alors que les pourparlers initialement prévus à Luanda entre Kinshasa et le M23 ont été annulés à la dernière minute. Le groupe rebelle, qui contrôle plusieurs localités du Nord-Kivu, a refusé de participer aux discussions après que l’Union européenne a sanctionné certains de ses dirigeants pour crimes de guerre présumés. Cette situation met en lumière la fragilité de l’accord conclu à Doha, qui reste tributaire de la bonne volonté des acteurs sur le terrain.

Le gouvernement congolais, tout en saluant cette avancée, reste prudent. « L’expérience nous a appris que les engagements ne suffisent pas. Ce cessez-le-feu devra être suivi d’actions concrètes sur le terrain », a commenté un haut responsable de la diplomatie congolaise sous couvert d’anonymat. De son côté, le Rwanda continue de nier toute implication directe dans le conflit, malgré les preuves accablantes présentées par l’ONU et plusieurs ONG.

Des implications géopolitiques majeures

L’accord de Doha pourrait marquer un tournant dans la crise sécuritaire qui mine l’Est congolais depuis des décennies. Outre la dimension bilatérale, cette rencontre témoigne de l’influence croissante du Qatar dans la médiation des conflits en Afrique. En effet, Doha s’impose de plus en plus comme un acteur diplomatique clé, après ses interventions dans les crises soudanaise et éthiopienne.

Par ailleurs, cette initiative intervient dans un contexte où la pression internationale s’accentue sur Kigali. Les États-Unis et l’Union européenne ont récemment menacé de suspendre leur coopération militaire avec le Rwanda si ce dernier ne cessait pas son soutien au M23. Une telle pression diplomatique pourrait jouer un rôle déterminant dans le respect du cessez-le-feu.

Un avenir incertain pour la région

Malgré l’optimisme prudent suscité par cet accord, la situation sur le terrain reste volatile. Les populations civiles, principales victimes des affrontements, continuent de fuir les combats, et les milices armées opérant dans l’Est de la RDC sont nombreuses et incontrôlables.

La question centrale demeure : ce cessez-le-feu sera-t-il respecté et ouvrira-t-il la voie à un dialogue de paix durable ? Pour l’instant, les regards sont tournés vers Kinshasa et Kigali, qui doivent prouver leur engagement en traduisant leurs paroles en actes. Une chose est sûre : la paix en RDC ne pourra être effective qu’avec une solution globale impliquant l’ensemble des parties prenantes, y compris les communautés locales et les organisations régionales.

L’histoire a montré que les accords de paix en Afrique des Grands Lacs sont souvent fragiles. Celui de Doha ne fait pas exception. Mais s’il est respecté, il pourrait constituer une avancée significative vers la stabilisation d’une région trop longtemps ensanglantée.

Times Infos 

Par Patrick Kindé.

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