Avec plus de 76 % des suffrages, l’économiste mauritanien Sidi Ould Tah a été élu président de la Banque africaine de développement (BAD), succédant à Akinwumi Adesina. Son élection marque un tournant stratégique pour l’institution et pour l’avenir du développement économique en Afrique.
Une victoire sans équivoque pour un homme d’expérience
Le 29 mai 2025, le conseil d’administration de la Banque africaine de développement a tranché : Sidi Ould Tah, ancien ministre mauritanien et directeur général de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), a remporté l’élection présidentielle de la BAD avec 76,18 % des voix. Ce score impressionnant témoigne de la confiance écrasante que lui accordent les pays membres régionaux et non-régionaux de l’institution. L’élection s’est tenue dans un contexte de grandes attentes pour l’avenir économique du continent, face à des enjeux de financement, d’inclusion et de transition écologique.
Un parcours forgé dans la rigueur et la vision panafricaine
Originaire de Mederdra en Mauritanie, Sidi Ould Tah est diplômé en sciences économiques de l’Université de Nice-Sophia-Antipolis. Sa trajectoire professionnelle reflète une maîtrise des dossiers économiques complexes. Ministre de l’Économie et des Finances, puis des Affaires économiques et du Développement entre 2008 et 2015, il s’est distingué par sa capacité à conjuguer rigueur budgétaire et investissements stratégiques. C’est cependant à la tête de la BADEA qu’il s’est affirmé comme un bâtisseur de haut vol : sous son mandat, l’institution est passée d’une position discrète à un acteur majeur du financement du développement en Afrique, multipliant par près de cinq son capital, et émettant avec succès son premier eurobond de 500 millions d’euros en 2024.
Une élection portée par une coalition panafricaine et internationale
La candidature de Sidi Ould Tah a bénéficié de soutiens décisifs, tant sur le continent qu’au-delà. Des pays influents comme la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Congo-Brazzaville, la Tunisie, mais aussi des partenaires stratégiques tels que l’Italie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont exprimé leur appui. Sa stature diplomatique, son bilinguisme et son aptitude à fédérer ont été salués par de nombreux observateurs. L’ancienne vice-présidente de la Banque mondiale, Frannie Leautier, a notamment vanté sa “vision pragmatique, son engagement pour la transformation structurelle de l’Afrique et son savoir-faire dans la mobilisation de capitaux privés”.
Des défis immenses, mais une feuille de route claire
Le nouveau président entre en fonction le 1er septembre 2025, à un moment où la BAD fait face à des défis inédits. La réduction drastique des contributions américaines au Fonds africain de développement — 555 millions de dollars en moins — met à mal les équilibres financiers de l’institution. Par ailleurs, l’Afrique doit mobiliser plus de 400 milliards de dollars par an pour financer ses infrastructures, renforcer ses systèmes de santé et d’éducation, et accélérer la transition énergétique.
Conscient de ces enjeux, Sidi Ould Tah a annoncé vouloir diversifier les partenariats stratégiques, notamment avec les pays du Golfe et la Chine, tout en favorisant l’innovation dans les mécanismes de financement : green bonds, levées de fonds mixtes, et digitalisation des services. Il entend également faire des PME africaines un levier de croissance, en les soutenant à travers des guichets dédiés et des politiques de garantie renforcée.
L’espoir d’un nouveau cap pour l’Afrique
L’arrivée de Sidi Ould Tah à la tête de la BAD incarne un espoir renouvelé pour le continent africain. À l’heure où les effets du changement climatique, du sous-investissement et des inégalités sociales s’intensifient, la BAD peut redevenir un levier central de transformation économique. Forte de l’expérience et du leadership de son nouveau président, elle a l’opportunité de jouer un rôle décisif dans la souveraineté financière du continent.
Plus qu’un choix institutionnel, l’élection de Sidi Ould Tah apparaît comme un message fort : celui d’une Afrique qui croit en ses talents, s’appuie sur ses compétences et affirme sa volonté d’écrire une nouvelle page de son développement, par et pour les Africains.
Par David Kindé
Correspondant international Times Infos.