Subvention 2024 à la presse au Gabon : entre opacité, indignation et appel à l’audit

Depuis plusieurs semaines, un malaise grandissant secoue l’univers médiatique gabonais. En cause : la gestion controversée de la subvention publique destinée à soutenir la presse nationale pour l’exercice budgétaire 2024. Des zones d’ombre persistent, la transparence fait défaut, et les voix s’élèvent. Faut-il craindre une crise de confiance durable entre les autorités de tutelle et les professionnels des médias ? Une chose est sûre : le sujet est devenu brûlant.

Une distribution jugée inéquitable et opaque

La subvention annuelle accordée à la presse par l’État gabonais, censée promouvoir le pluralisme de l’information et accompagner les entreprises médiatiques dans leurs missions de service public, est aujourd’hui au cœur d’une polémique. Plusieurs responsables de rédaction dénoncent une répartition jugée arbitraire et partiale. « Personne ne sait exactement ce qui se passe en réalité, ni sur quels critères réels les montants ont été attribués quand on sait que la transparence n’a pas été claire au niveau de la répartition des montants. Il serait donc mieux que la liste soit disponible à nous afin d’arrêter la grogne qui défraie la chronique entre les patrons de presse et le ministère de tutelle », confie un directeur de publication sous couvert d’anonymat.

Le ministère de la Communication, pourtant garant de la transparence dans cette procédure, n’a à ce jour publié aucune liste officielle des bénéficiaires. Ce silence institutionnel alimente toutes les spéculations et fait planer le doute sur une éventuelle gestion clanique ou politisée de ces fonds publics.

Une presse divisée, mais unanime sur la nécessité de clarifier

Au sein de la corporation des journalistes et patrons de presse, les avis divergent sur l’origine du dysfonctionnement, mais convergent sur la nécessité d’apporter des éclaircissements. Pour certains, il s’agit d’un simple manque de rigueur administrative à corriger. Pour d’autres, plus sceptiques, des intérêts privés auraient détourné l’objectif initial de la subvention.

« Cet argent est censé renforcer l’indépendance et la viabilité économique des médias. Or, dans les faits, il semble avoir été distribué comme une récompense pour certains et une punition pour d’autres », s’indigne une journaliste d’un hebdomadaire local.

L’appel croissant à un audit indépendant

Face à la grogne généralisée, plusieurs voix s’élèvent pour demander un audit rigoureux de l’enveloppe budgétaire allouée à la presse en 2024. L’objectif serait double : faire toute la lumière sur les modalités de distribution et identifier d’éventuelles responsabilités dans ce qui est désormais perçu comme une affaire d’État à échelle médiatique.

Des ONG locales de transparence financière ainsi que des organisations professionnelles de journalistes se disent prêtes à appuyer une démarche d’audit, qui permettrait selon elles de restaurer la confiance, tant entre les médias eux-mêmes qu’entre ces derniers et les institutions publiques.

Un enjeu de démocratie et de crédibilité

Au-delà de l’aspect financier, cette affaire révèle un enjeu plus large : celui de la crédibilité des politiques publiques en matière de liberté de la presse. Dans un pays où l’environnement médiatique cherche encore à s’affranchir des influences politiques et économiques, une gestion opaque des aides publiques ne peut qu’aggraver les fragilités structurelles des organes de presse.

À l’heure où le Gabon s’engage dans une politique censée renforcer la gouvernance et l’État de droit, la transparence dans la gestion des fonds publics destinés aux médias apparaît comme un test grandeur nature.

Un audit crédible et impartial de la subvention 2024 pourrait ainsi devenir le point de départ d’une refondation des relations entre l’État et la presse, fondée sur la transparence, l’équité et le respect mutuel.

Times Infos 

Par Nancy Nguema.

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