Dans une interview accordée au quotidien italien Corriere della Sera, Mohammad al-Bachir, Premier ministre chargé de la transition en Syrie, a lancé un appel vibrant à l’adresse des Syriens de la diaspora. Ce message, qui invite les exilés à revenir sur leurs terres, s’inscrit dans une stratégie visant à réconcilier une nation divisée et à relancer un pays meurtri par plus d’une décennie de conflit.
Un appel à l’unité et à la reconstruction
Mohammad al-Bachir a souligné l’importance du retour des millions de Syriens ayant quitté le pays pour fuir la guerre et l’instabilité. Selon lui, leur expertise, leur énergie et leurs ressources sont essentielles pour permettre à la Syrie de renouer avec la prospérité. « Nous avons besoin de tous les Syriens pour reconstruire notre maison commune », a-t-il déclaré, insistant sur le rôle clé de la diaspora dans ce processus.
Cet appel survient dans un contexte où les infrastructures du pays restent lourdement endommagées, l’économie exsangue, et la société profondément fragmentée. La réintégration des exilés pourrait également renforcer les efforts de réconciliation nationale, essentiels pour tourner la page de la guerre. Toutefois, de nombreux Syriens à l’étranger restent sceptiques face aux promesses du gouvernement, en raison de l’absence de garanties claires sur leur sécurité et leurs droits.
Des garanties pour toutes les confessions
Dans son entretien, le Premier ministre a tenu à rassurer les différentes communautés religieuses du pays. « Les droits de toutes les confessions seront garantis », a-t-il affirmé, reconnaissant les dérives commises par « certains groupes islamistes » au cours du conflit. Cette reconnaissance des erreurs du passé pourrait marquer un tournant dans la politique syrienne en montrant une volonté d’instaurer une gouvernance plus inclusive.
En Syrie, les tensions interconfessionnelles ont été exacerbées par la guerre civile, contribuant à l’éclatement du tissu social. Les minorités religieuses, en particulier, ont souvent été prises pour cible, ce qui a conduit à une méfiance généralisée. Garantir les droits de chacun et promouvoir l’égalité pourraient être des mesures cruciales pour rétablir la confiance et favoriser la stabilité à long terme.
Un avenir encore incertain
Malgré ces déclarations prometteuses, le chemin vers une paix durable et une véritable reconstruction reste semé d’embûches. La Syrie demeure un pays fragmenté, avec des zones encore sous le contrôle de divers acteurs armés, et une économie plombée par les sanctions internationales. Les conditions de vie sont extrêmement difficiles, ce qui pourrait décourager de nombreux exilés de répondre à cet appel.
De plus, la méfiance vis-à-vis des autorités syriennes reste forte parmi la diaspora. Beaucoup craignent que les garanties annoncées ne soient pas respectées ou que leur retour puisse les exposer à des représailles. Pour que cet appel ait un impact réel, le gouvernement syrien devra démontrer, par des actions concrètes, sa capacité à instaurer un climat de sécurité, de justice et de réconciliation.
Vers une nouvelle ère pour la Syrie ?
L’appel de Mohammad al-Bachir pourrait être perçu comme une tentative de tourner la page des années les plus sombres de la Syrie et de construire un nouveau départ. Toutefois, il reste à voir si ce message sera suivi d’actes à la hauteur des attentes des Syriens, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Pour que la transition soit un succès, elle devra être accompagnée de réformes profondes, de gestes sincères envers toutes les communautés, et d’une véritable ouverture au dialogue. Seule une telle approche permettra de rétablir la confiance, condition sine qua non pour que les Syriens exilés envisagent de rentrer chez eux et participer à la reconstruction de leur nation.
Times Infos
Par Cédric Baloch.