Alors que l’Ukraine s’apprête à entrer dans une année électorale cruciale, un nom revient avec insistance dans les discussions politiques : Valeri Zaloujny. Ancien commandant en chef des forces armées ukrainiennes, puis écarté par Volodymyr Zelensky en février 2024, il est aujourd’hui perçu comme un prétendant sérieux à la présidence en 2025. Loin de se limiter à une simple figure militaire, Zaloujny incarne un possible tournant dans la gestion de la guerre et de l’avenir politique du pays. Mais est-il réellement l’homme providentiel que certains espèrent, ou représente-t-il une continuité sous un autre visage ?
Un militaire devenu figure politique
Valeri Zaloujny s’est fait un nom bien avant la guerre russo-ukrainienne de 2022. Officier de carrière, il a gravi les échelons en se distinguant par sa modernisation de l’armée ukrainienne et son approche pragmatique du combat. Lorsque l’invasion russe commence, il devient l’architecte de la résistance ukrainienne, symbolisant la résilience face à l’agression. Sa popularité grandit au fur et à mesure des succès militaires, notamment lors de la contre-offensive de 2022.
Cependant, ses désaccords avec Zelensky sur la stratégie militaire – notamment sur la mobilisation et la gestion des offensives – l’ont conduit à une disgrâce progressive. Son limogeage en 2024 a été perçu comme une décision purement politique, Zelensky cherchant à asseoir son autorité dans un contexte où la guerre s’éternise et où le soutien occidental montre des signes d’essoufflement.
Une alternative crédible ou un candidat sous influence ?
Zaloujny bénéficie aujourd’hui d’un soutien populaire indéniable, notamment parmi les militaires et une partie de la population lassée par la gestion de Zelensky. Sur les réseaux sociaux et dans certains cercles diplomatiques, son nom circule comme une alternative sérieuse. Sa candidature éventuelle pose toutefois des questions majeures.
D’une part, son lien avec l’armée fait craindre une présidence à forte empreinte militariste. Un chef de guerre est-il capable de devenir un chef d’État dans un pays où la reconstruction et la diplomatie seront tout aussi essentielles que la défense ? D’autre part, il est soutenu par certains groupes ultranationalistes, ce qui alimente des critiques sur ses orientations idéologiques. Si l’Occident a besoin d’un dirigeant stable pour poursuivre l’aide à l’Ukraine, Zaloujny pourra-t-il concilier le soutien international et les aspirations nationalistes d’une partie de sa base électorale ?
Un avenir électoral incertain
Pour l’instant, l’Ukraine reste sous loi martiale, ce qui complique la tenue d’élections démocratiques. Zelensky, dont la cote de popularité a chuté, pourrait tenter de retarder le scrutin pour éviter une transition chaotique en pleine guerre. Cependant, si les élections ont lieu en 2025, elles seront décisives pour l’avenir du pays.
Zaloujny représente-t-il une rupture ou simplement une continuité sous une nouvelle forme ? Si son expérience militaire est un atout, il devra prouver qu’il possède également une vision politique capable de reconstruire l’Ukraine et de négocier avec ses alliés. Dans un contexte où la guerre redéfinit les équilibres de pouvoir, la question demeure : l’Ukraine a-t-elle besoin d’un stratège militaire ou d’un bâtisseur politique ?
Times Infos
Par David Barne.