VAALCO Energy et le champ Etame Marin : Un investissement de 300 millions de dollars, mais à quel prix ?

Le secteur pétrolier gabonais vient de franchir une nouvelle étape avec l’annonce d’un investissement massif de 300 millions de dollars par la société américaine VAALCO Energy pour moderniser le champ offshore Etame Marin. Depuis plus de 20 ans, VAALCO est un acteur majeur de l’exploitation pétrolière au Gabon, avec plus de 1 000 milliards de francs CFA investis et une production dépassant 135 millions de barils. Mais alors que ces chiffres témoignent d’un engagement financier colossal, une question cruciale demeure : quels bénéfices réels pour l’économie gabonaise et ses citoyens ?

Un projet d’envergure pour maximiser la production

L’ambition de VAALCO est claire : accroître la rentabilité de ses opérations en modernisant ses infrastructures et en forant de nouveaux puits. Depuis 2020, l’entreprise a renforcé sa présence sur le champ d’Etame Marin en portant sa participation à 58,8 %, grâce à l’acquisition de parts supplémentaires. En parallèle, la campagne de forage lancée en 2021 sur le champ d’Avouma visait déjà à augmenter les réserves exploitables, avec un investissement compris entre 74 et 91 millions de dollars.

Ce nouvel apport de 300 millions de dollars devrait permettre d’améliorer les performances des installations et d’intensifier l’extraction du brut. Un développement stratégique qui s’inscrit dans la logique des majors pétrolières opérant en Afrique : maximiser les rendements dans un contexte de transition énergétique incertain.

Mais alors que l’État gabonais détient une part significative du projet via la Gabon Oil Company (GOC), la redistribution des bénéfices issus de cette manne pétrolière pose question.

Des profits étrangers et une valeur ajoutée locale limitée ?

Si VAALCO se félicite de ses performances exceptionnelles au Gabon, l’impact réel de ces investissements sur l’économie nationale est moins évident. Comme pour de nombreux contrats d’exploitation pétrolière en Afrique, une grande partie des revenus générés est rapatriée vers les pays d’origine des entreprises.

Certes, l’État gabonais perçoit des redevances et taxes pétrolières, mais ces revenus sont-ils suffisants pour garantir un développement durable et inclusif ? Le chômage reste un problème structurel dans le pays, et les zones pétrolières, notamment celles proches du littoral, souffrent encore d’un manque criant d’infrastructures, de services de santé et d’éducation.

Enjeux environnementaux : une bombe à retardement ?

L’exploitation pétrolière offshore, bien que lucrative, n’est pas sans conséquences sur l’écosystème marin. Les risques de marées noires, de pollution des eaux et de destruction des habitats marins sont bien réels. Or, malgré les engagements pris par VAALCO en matière de responsabilité environnementale, le Gabon dispose-t-il des moyens de contrôle suffisants pour garantir une exploitation respectueuse de son patrimoine naturel ?

Le pays, connu pour son rôle clé dans la préservation de la biodiversité mondiale, ne peut se permettre d’ignorer les risques liés aux forages pétroliers intensifs. Dans ce contexte, un renforcement des réglementations environnementales et une surveillance accrue des opérateurs étrangers s’imposent comme des impératifs majeurs.

Vers une réelle souveraineté énergétique ?

Alors que VAALCO renforce sa position au Gabon, le débat sur la souveraineté énergétique nationale reste ouvert. Le pays doit-il continuer à dépendre d’acteurs étrangers pour l’exploitation de ses ressources, ou devrait-il miser davantage sur une gestion étatique et locale du pétrole ?

La modernisation du champ Etame Marin représente une opportunité économique, mais elle ne pourra être considérée comme une réussite que si ses retombées bénéficient directement aux Gabonais. Cela passe par une meilleure redistribution des revenus pétroliers, le développement de programmes de formation pour les jeunes et une stratégie industrielle plus inclusive.

Le Gabon doit saisir cette occasion pour négocier des conditions plus avantageuses, imposer une transparence accrue dans la gestion des contrats pétroliers et renforcer les exigences en matière de responsabilité sociale et environnementale.

En définitive, si l’investissement de VAALCO est une preuve du potentiel pétrolier gabonais, il appartient aux autorités de s’assurer que ce potentiel profite au-delà des actionnaires étrangers, pour impulser un réel développement durable du pays.

Times Infos 

Nancy Nguema.

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