Guillaume Soro : L’exil comme tremplin pour un retour politique en Côte d’Ivoire ?

Depuis son exil en Europe, Guillaume Soro, ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne et figure emblématique de la politique ivoirienne, réaffirme ses ambitions présidentielles pour 2025. Malgré une condamnation à perpétuité par la justice ivoirienne et son éloignement physique du terrain politique, il se positionne comme un acteur incontournable, déterminé à restructurer son mouvement politique. Une posture qui interpelle, divise et suscite des questionnements sur la faisabilité de son retour en force.

Une stratégie de communication bien huilée

Guillaume Soro semble miser sur une stratégie de communication offensive, multipliant les déclarations médiatiques pour maintenir sa visibilité. Ses récents propos visant à « repositionner » son mouvement politique témoignent d’une volonté de ne pas être relégué au second plan, malgré les obstacles judiciaires et politiques. En exil, il a su tisser des alliances et maintenir un contact étroit avec ses partisans, cultivant l’image d’un leader en exil victime d’un système qu’il qualifie d’« injuste ».

Toutefois, cette posture pose des questions sur sa crédibilité auprès de l’opinion publique ivoirienne. Peut-il véritablement mobiliser les masses depuis l’étranger ? Ses soutiens, bien que présents, semblent affaiblis face à un pouvoir en place solidement ancré.

Un héritage politique controversé

L’ancien chef rebelle, devenu président de l’Assemblée nationale avant sa rupture avec le président Alassane Ouattara, traîne un bilan politique contrasté. Pour certains, il incarne un espoir de changement et une alternative au statu quo politique. Pour d’autres, il reste une figure associée aux violences post-électorales et à des pratiques politiques controversées.

Sa condamnation à perpétuité pour tentative de déstabilisation et détournement de fonds publics est perçue par ses détracteurs comme le fruit de ses propres ambitions démesurées. En revanche, ses partisans dénoncent une instrumentalisation de la justice pour l’écarter de l’arène politique. Ce clivage illustre la polarisation de la société ivoirienne, où chaque acteur politique traîne un passé lourd de responsabilités et de conflits.

Un pari politique risqué

En réaffirmant sa volonté de participer à la présidentielle de 2025, Guillaume Soro se lance dans un pari audacieux. Sa candidature est non seulement juridiquement compromise, mais elle risque également de renforcer la méfiance d’une partie de l’électorat. Peut-on sérieusement envisager qu’un candidat en exil, condamné par la justice nationale, puisse briguer la magistrature suprême dans un pays où le climat politique reste fragile ?

Son retour sur la scène politique dépendra en grande partie de sa capacité à fédérer une opposition solide, à surmonter ses propres démons et à réinventer son discours pour séduire une population en quête de stabilité. Par ailleurs, les manœuvres du pouvoir en place, qui veille à consolider son emprise, seront un obstacle majeur à son ambition.

Quel avenir pour le paysage politique ivoirien ?

L’annonce de Guillaume Soro s’inscrit dans un contexte politique tendu où les principales forces politiques se préparent à des batailles électorales décisives. La Côte d’Ivoire reste marquée par des décennies de conflits, d’instabilité et de méfiance entre les différents acteurs.

L’avenir politique de Soro dépendra de plusieurs facteurs : l’évolution de sa situation juridique, sa capacité à rallier des alliés influents, mais aussi la manière dont il abordera les défis socio-économiques qui préoccupent la population. Son ambition, bien que légitime, soulève des interrogations : est-il l’homme du renouveau ou le symbole d’un passé politique complexe ?

En somme, le chemin vers 2025 sera semé d’embûches pour Guillaume Soro, mais sa détermination à défier l’ordre établi pourrait bien redessiner les contours du paysage politique ivoirien, pour le meilleur ou pour le pire.

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Par Mohamed Touré

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