Deux mois après la prise salvatrice du pouvoir par les militaires, nombreux sont ceux qui aujourd’hui se posent la question de savoir qui gouverne réellement le Gabon.
L’affirmation sous-jacente est de dire que le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la Transition, ne serait pas celui qui décide actuellement de la direction du Gabon. Autrement dit, il y aurait une main invisible qui plane sur son régime.
En science politique, on parlerait alors d’Oligui Nguema comme un homme de paille, c’est-à-dire une marionnette manipulée par un puissant lobby composé des hiérarques de l’ancien régime. La preuve principale brandie est la couleur et la cartographie des nominations qui mettraient les cadres du régime d’Ali Bongo en bonne place et oublieraient certaines régions du pays.
Mais s’attarder sur ces considérations pour tirer des conclusions me parait hâtif car, pour bien comprendre la gouvernance du Général, il est impérieux de tenir compte de deux facteurs.
Le premier facteur est que le Président de la Transition est un militaire, donc un dirigeant au rayon relationnel assez restreint. Ses connaissances sont les personnes qu’il a côtoyées jusqu’avant sa prise du pouvoir, sa famille biologique, ses frères d’armes, les anciens hiérarques du régime déchu, certains opposants et quelques acteurs de la société civile. Donc, en deux mois de magistère, il lui est naturel de trouver des hommes à responsabiliser que dans ce cercle exigu de connaissances qui, à leur tour, ne lui proposent que les leurs, tenant compte des restrictions imposées par le paradigme du changement dont le maître-mot est l’inclusion absolue, qui signifie le besoin de former un ensemble hétéroclite avec l’exigence de prendre moins dans l’ancien régime avec lequel plus 90% des cadres du pays ont travaillé. Les nominations dans les Institutions et la haute administration reflètent bien cet objectif. Sur cette base, c’est bien Oligui Nguema qui gouverne.
Le deuxième facteur est que, contrairement aux politiques, le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema n’a pas pour base d’action un projet de gouvernance se fondant sur une vision prédéfinie. Sa légitimité vient de l’adhésion populaire à son initiative salvatrice au coup d’état et non d’un contrat social qui ne s’établit qu’au cours d’une élection. Sa prise du pouvoir n’est en effet nullement l’émanation de son implantation sur le terrain, voire d’un réseau d’acteurs et de militants qui auraient pu lui exiger de satisfaire, par le respect de la règle nationale et tacite de la géopolitique, tous les départements qui se sentiraient aujourd’hui lésés et moins considérés par les nominations.
En plus, dans l’esprit du Président de la Transition, l’inclusion se trouve dans la restauration des Institutions et non dans les nominations, car, pour lui, ce qui compte c’est le travail d’un gabonais compétent pour le bien-être du plus grand nombre ou de tous. L’inclusion dont il s’agit c’est celle de l’intérêt général au détriment de celle des nominations. Encore une preuve que c’est bien Oligui Nguema qui dirige le Gabon.
Enfin, la panoplie des mesures sociales, des décrets sur la préférence nationale et les arrestations historiques de ces derniers temps sont des preuves supplémentaires que c’est Oligui Nguema qui gouverne ce pays.
Times Infos
Texte : Eric-Simon ZUE OBIANG
Dr. En philosophie de l’éducation et de la religion.
Spécialiste en Communication dans les organisations.
Spécialiste en Sciences Sociales, Option : L’insertion par l’activité économique.
Université de Poitiers – France.