Depuis la chute d’Ali Bongo Ondimba le 30 août 2023, suite au coup d’État mené par la junte militaire, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) traverse une crise existentielle sans précédent. Fondé en 1968 par Omar Bongo Ondimba, le PDG a longtemps été l’incarnation du pouvoir au Gabon. Mais aujourd’hui, il fait face à une vague de démissions, une perte de confiance populaire et une remise en question de son rôle dans l’avenir politique du pays. À quelques mois des élections présidentielles, législatives et locales prévues pour 2025, l’avenir du parti semble plus incertain que jamais.
Une hémorragie politique sans précédent
Les démissions successives au sein du PDG ont mis en lumière l’ampleur du désaveu qui frappe l’ancien parti au pouvoir. Des cadres influents et des militants de base quittent la formation politique, souvent pour se dissocier de l’héritage controversé des années Bongo. L’image du PDG, associée à des décennies de gouvernance marquées par des accusations de corruption, de népotisme et de mauvaise gestion, ne correspond plus aux attentes d’un peuple en quête de renouveau.
Cette perte de membres clés fragilise la structure interne du parti et limite sa capacité à se réorganiser face aux défis actuels. De nombreux démissionnaires rejoignent d’autres formations politiques ou cherchent à se rapprocher des autorités de transition, menées par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, accentuant l’isolement du PDG sur la scène politique.
Un divorce avec le peuple gabonais
Le PDG, autrefois profondément ancré dans les communautés rurales et urbaines grâce à un système clientéliste bien rodé, semble aujourd’hui coupé de sa base populaire. La population gabonaise, majoritairement jeune et marquée par une désillusion croissante à l’égard des anciens régimes, manifeste une volonté claire de tourner la page sur cette ère politique.
Ce rejet est amplifié par les attentes élevées envers la transition en cours, perçue comme une opportunité de refonder les institutions et d’instaurer une gouvernance plus transparente et inclusive. Dans ce contexte, l’héritage du PDG, bien qu’historique, apparaît comme un obstacle à cette dynamique de changement.
Une tentative de survie face à l’adversité
Malgré ces vents contraires, le PDG n’a pas complètement perdu son influence. Certains de ses hiérarques tentent de se repositionner en soutenant ouvertement le président de la transition. Cette stratégie vise à préserver un espace pour le parti dans le futur paysage politique. Cependant, ce rapprochement est critiqué comme une tentative opportuniste de maintenir une présence dans les hautes sphères du pouvoir, sans véritable autocritique ni réforme interne.
Pour espérer une survie politique, le PDG devra entreprendre une refonte complète. Cela inclut le renouvellement de ses cadres dirigeants, une modernisation de son discours politique et une rupture claire avec les pratiques du passé. Sans ces changements, le parti risque d’être relégué au rang de relique historique lors des prochaines échéances électorales.
2025 : L’ultime test pour le PDG
Les élections présidentielles, législatives et locales prévues en 2025 seront cruciales pour l’avenir du PDG. Le parti devra relever plusieurs défis majeurs :
Restaurer sa crédibilité auprès d’un électorat largement désillusionné.
Recréer une base militante solide malgré l’exode de ses membres.
Proposer un projet politique novateur capable de rivaliser avec des formations émergentes et des candidats indépendants.
Si le PDG parvient à relever ces défis, il pourrait espérer renaître sous une forme nouvelle, adaptée aux aspirations du peuple gabonais. À défaut, il risque de disparaître progressivement, emporté par les vents du changement.
Un futur incertain, mais pas sans espoir
Le Parti Démocratique Gabonais se trouve aujourd’hui à un tournant de son histoire. Après plus de cinq décennies au sommet du pouvoir, il doit faire face à une réalité nouvelle où sa survie n’est plus garantie. Son avenir dépendra de sa capacité à se réinventer et à répondre aux attentes d’un peuple lassé par les promesses non tenues du passé.
Dans un Gabon en pleine mutation, le PDG peut soit devenir un acteur clé du renouveau politique, soit s’effacer comme le symbole d’une ère révolue. Le verdict final sera rendu par les urnes, mais surtout par la volonté des Gabonais de définir leur propre destin.
Times Infos
Par Amir Baron.