Présidentielle 2025 au Gabon : Le PDG contraint de soutenir son propre bourreau ?

Libreville – À quelques semaines de l’élection présidentielle prévue le 12 avril 2025, les lignes politiques continuent de bouger au Gabon. L’ancien parti au pouvoir, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), formation historique du régime Bongo, semble s’aligner derrière la candidature de Brice Clotaire Oligui Nguema. Une décision surprenante pour un parti dont le leader naturel, Ali Bongo Ondimba, a été renversé par le général-président lors du coup d’État du 30 août 2023.

Un parti affaibli, une stratégie de survie ?

Depuis la chute d’Ali Bongo, le PDG traverse une crise sans précédent. Accusé d’être le symbole de décennies de gouvernance contestée, il a perdu la mainmise sur les institutions et le contrôle de l’appareil d’État. Contrairement aux scrutins précédents, où il était toujours en pole position, le PDG ne présente aucun candidat pour la première fois depuis l’instauration du multipartisme en 1993.

Face à cette perte d’influence, le parti semble désormais miser sur une stratégie de survie en se ralliant à Brice Oligui Nguema. Selon certains analystes politiques, ce soutien, bien que non officiellement déclaré, traduit une volonté de préserver des acquis et d’éviter une marginalisation totale. Le retour au pouvoir d’un autre candidat pourrait accélérer l’effondrement du PDG et précipiter sa disparition du paysage politique gabonais.

Le pragmatisme avant la loyauté ?

Si le PDG fut autrefois le bras politique du clan Bongo, la transition menée par Oligui Nguema a profondément changé la donne. Nombre de figures du parti, autrefois influentes, ont été évincées ou contraintes au silence. Pourtant, certaines personnalités, comme Blaise Louembé, désormais à la tête du PDG, affichent un soutien ouvert à l’actuel président de la transition. Ce revirement interroge : assiste-t-on à une simple manœuvre politique pour sauver les meubles, ou à une réelle adhésion au projet de refondation prôné par Oligui Nguema ?

Dans les coulisses, plusieurs anciens cadres du PDG ont intégré l’appareil d’État mis en place par la transition. Une preuve supplémentaire que la frontière entre rupture et continuité politique reste floue. Cette posture opportuniste est-elle le signe d’une mutation du PDG ou le dernier sursaut d’un parti en perdition ?

Une élection sous tension

Avec huit candidats en lice, dont Brice Oligui Nguema, l’élection présidentielle du 12 avril s’annonce décisive pour l’avenir du pays. L’enjeu est de taille : officialiser la transition et donner un mandat électoral légitime à celui qui dirigera le Gabon pour les prochaines années.

Dans ce contexte, le soutien implicite du PDG à Oligui Nguema pourrait renforcer les craintes d’une continuité du système en place, malgré le discours de rupture prôné par la transition. D’un autre côté, cette alliance tacite pourrait aussi être perçue comme un gage de stabilité, rassurant une partie de la population et de la classe politique.

Vers un nouveau paysage politique ?

Le PDG, autrefois tout-puissant, est aujourd’hui contraint à des choix stratégiques dictés par la réalité du terrain. Son alignement progressif sur Oligui Nguema traduit l’adaptation d’un parti en quête d’un nouveau souffle. Reste à savoir si cette posture sera suffisante pour lui permettre de conserver une influence, ou si elle scellera définitivement son déclin.

L’élection du 12 avril marquera-t-elle la naissance d’une nouvelle ère politique au Gabon, ou sera-t-elle le théâtre d’un recyclage des forces anciennes sous un autre visage ? Réponse dans les urnes.

Times Infos 

Par Nancy Nguema.

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