Retrait du Gabon de la Course à l’UNESCO : stratégie diplomatique ou abdication d’influence ?

Le 27 décembre 2024, le Gabon a annoncé de manière inattendue le retrait de la candidature de son ambassadeur, Noël Nelson Messone, pour la direction générale de l’UNESCO, prévue pour novembre 2025. Cette décision, confirmée par le ministre des Affaires étrangères, Régis Onanga Ndiaye, s’est accompagnée d’un soutien explicite à la candidature de l’Égypte, dirigée par le régime militaire en place. Si cette manœuvre semble traduire une stratégie diplomatique calculée, elle suscite néanmoins des interrogations sur les ambitions internationales du Gabon et l’avenir politique de ses figures emblématiques.

Une décision qui surprend et interroge

En présentant la candidature de Noël Nelson Messone, le Gabon avait initialement affiché une ambition claire de jouer un rôle de premier plan dans la gouvernance des institutions internationales. L’expérience de Messone, ancien ministre et diplomate chevronné, faisait de lui un candidat crédible pour occuper la direction de l’UNESCO. Cependant, son retrait soudain illustre un revirement stratégique qui interpelle. Pourquoi un pays, souvent présenté comme un modèle de stabilité en Afrique centrale, abandonne-t-il une position aussi influente pour se ranger derrière un autre État ?

Entre alliances stratégiques et pragmatisme politique

Le soutien à l’Égypte, annoncé dans le même communiqué, reflète un choix calculé. L’Égypte, forte de son poids démographique et géopolitique, bénéficie d’un réseau d’alliances puissantes, notamment au sein de la Ligue arabe et de l’Union africaine. En s’alignant sur cette candidature, le Gabon pourrait espérer consolider ses relations bilatérales avec Le Caire et gagner en influence au sein des cercles diplomatiques africains et internationaux. Cependant, ce choix pourrait également être perçu comme une abdication d’autonomie diplomatique face à des partenaires jugés plus puissants.

Un coup dur pour Noël Nelson Messone

Pour Noël Nelson Messone, cette décision représente un revers significatif. En tant qu’ambassadeur de renom, sa candidature aurait pu renforcer son prestige et celui du Gabon sur la scène mondiale. Son retrait pose la question de son avenir dans la diplomatie gabonaise. Sera-t-il récompensé par une promotion stratégique, ou son influence s’érodera-t-elle à mesure que le pays redéfinit ses priorités internationales ?

Un signal sur la vision diplomatique du Gabon

Ce retrait envoie également un signal ambigu sur les ambitions internationales du Gabon sous le régime militaire de Brice Clotaire Oligui Nguema. Alors que Libreville avait souvent cherché à projeter une image de leadership panafricain, ce revirement peut être perçu comme une volonté de privilégier des alliances bilatérales au détriment de l’affirmation d’un rôle autonome au sein des institutions multilatérales.

Un pari risqué

Si le soutien à l’Égypte permet au Gabon de renforcer des alliances stratégiques, il pourrait également entacher son image d’acteur indépendant sur la scène internationale. Quant à Noël Nelson Messone, son avenir dépendra largement de la reconnaissance de son rôle par le gouvernement gabonais. En fin de compte, cette décision soulève une question fondamentale : le Gabon a-t-il choisi la prudence stratégique ou sacrifié une opportunité d’influence durable ?

Times Infos 

Par Nancy Nguema.

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